C’est l’injonction du « monde d’après ». À défaut d’agir sur l’extérieur, il ne nous resterait plus qu’à partir à la recherche d’une authenticité personnelle que nous aurions mission de retrouver. Au bout ? Une promesse d’amour et de liberté. L’expérience est passionnante et traverse toutes les spiritualités. À condition que cette quête de soi ne soit pas téléguidée.
EN QUÊTE DE SOI
Devenir pleinement et sereinement soi, Les 5 Blessures qui empêchent d’être soi-même, Devenir soi : la voie essentielle… Chez Zeugma, belle librairie généraliste de Montreuil, en région parisienne, les ouvrages de développement personnel accueillent le lecteur dès l’entrée. « Le rayon se développe énormément depuis la crise sanitaire, avec une augmentation de 46 % du chiffre d’affaires cette année, explique Lucile Samak, fondatrice du lieu. Les gens sont tellement bombardés d’informations face auxquelles ils sont impuissants qu’ils viennent chercher dans ces livres de quoi se recentrer, des conseils pour changer ce qui est à leur porté : leur vie, la façon de prendre soin de leur corps, de leur esprit. » Le marché de ces ouvrages, à la fois refuges rassurants et promesse de nouvelles expériences, a rarement été aussi florissant : selon les derniers chiffres du Syndicat national de l’édition (SNE), le secteur « bien-être, santé et développement personnel » a vu son chiffre d’affaires progresser de 7,5 % dans un marché qui a globalement pâti du Covid avec, par exemple, une chute spectaculaire de 25 % du secteur « livres religieux », domaine apportant pourtant également des réponses à cette quête intérieure. Un paradoxe ? Pas vraiment. « Ces livres répondent eux aussi à une vraie soif de spiritualité, mais qui prend d’autres voies que les religions traditionnelles, poursuit Lucile Samak, avec l’écologie ou le féminisme comme terrain d’action. »
Au fil de ces pages se déroule un discours positif et valorisant autour de notre place particulière à tenir sur cette terre… à la seule condition d’un changement profond, suivant différentes méthodes appelant autant au travail sur le corps, au changement de nos habitudes qu’à la relecture de notre histoire et de nos désirs (exercices, routines quotidiennes, pensées positives et régimes alimentaires…). À la clé, la promesse de « réussir sa vie » en restant loin des normes matérialistes en vigueur et en « osant s’accomplir » sans se soucier du regard des autres, avec une estime de soi regonflée. Une révolution intérieure souvent présentée comme une rupture rapide, radicale… et exclusive.
« La formule devenir soi” pose problème car on est déjà dans le domaine de la performance »,analyse Jean-Michel Hirt, psychanalyste, spécialiste de psychologie clinique interculturelle et auteur de plusieurs essais sur le religieux dans la vie psychique, dont le récent Le Témoin des écritures (Actes Sud). « Oser être soi”, c’est comme oser porter telle couleur, c’est dans l’air néolibéral du temps. Il faut se vendre donc il faut mettre dans la vitrine la marchandise la plus exaltante et la plus désirable. Il faut même se désirer soi-même pour se mettre en représentation. »
Ces livres sont souvent l’œuvre d’influenceurs et de coachs de vie, qui prolongent leurs discours dans des vidéos YouTube et sur les réseaux sociaux, charriant fréquemment un discours spiritualiste qui remet au goût du jour certaines antiennes du « Nouvel Âge » ayant circulé dans les années 1970 et 1980. Associant changement de soi et changement du monde, ces théories convoquent, souvent très rapidement, les neurosciences, la physique quantique, les taux vibratoires du corps ou les états modifiés de conscience (EMC), afin d’introduire l’idée d’une « énergie vitale » qui permettrait à notre conscience de transformer l’esprit en matière et d’influer sur la réalité grâce à la force de son désir propre.
« Cette idée d’un bonheur à la force du poignet, c’est l’illusion des illusions !, réagit Jean-Michel Hirt. Les sentiments dépressifs liés à la pandémie et, au-delà, à la crise écologique sont très présents, on a envie de croire que l’on pourrait avoir un homme qui serait à nouveau naturel, dans une sorte d’harmonie. Mais le malheur, c’est que l’harmonie, je ne l’ai jamais rencontrée, ni en moi ni ailleurs. Au fond, la question posée, c’est “ça ne va pas, je ne suis pas bien, comment faire pour que ça aille mieux ?”, dans un contexte de montée de l’insatisfaction, une sorte de tristesse régnante qui a pris des formes plus ou moins pathologiques, avec l’idée qu’on pourrait être autrement que nous-mêmes, que ce soit physiquement ou psychiquement. De plus en plus de gens ne se plaisent pas et voudraient être différents… mais c’est sans limites ! Cela devient un business, et beaucoup de marchands de bien-être, qui proposent de changer d’apparence ou de se sentir mieux, l’ont bien compris. » Pourtant, aussi piégée soit-elle, l’expression parle à beaucoup d’entre nous. « Oui, car cette interrogation a aussi du bon, continue Jean-Michel Hirt. Elle correspond à une libération par rapport à une idée de soi-même liée à une forme de culture patriarcale où chacun avait son rôle bien défini : le père très autoritaire voire pénible à vivre, des femmes pas sur un même pied d’égalité, souvent exclues… Une culture normée qui a tenu jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. »
Des expériences qui résonnent
Parfois, loin du pessimisme ambiant, les expériences de ce « devenir soi » sont vives et joyeuses. Enza, ancienne professeure de lettres à l’université, se rappelle : « J’avais 6 ou 7 ans. En pleine nature, fascinée devant une telle immensité, j’ai soudain senti que je n’étais pas seule ; le monde entier m’appartenait et j’étais moi, Enza, unique ! Ce souvenir ne m’a jamais quittée. J’y puisais force et confiance. Puis mes grandes lectures m’ont nourrie. J’ai voulu être enseignante pour transmettre ces trésors qui m’avaient été donnés. Ce fut, très tôt, un appel impérieux. Cette injonction, acceptée avec joie dans l’innocence, n’a pas toujours été facile à vivre, mais elle a illuminé ma vie tout le long de chemins souvent difficiles, fidèle à l’enfant que je fus. »
Loin des recettes toutes faites, ce « devenir soi » est un chemin de vie éminemment personnel et qui échappe, de fait, à toute tentative de récupération, au cœur de nos expériences et de ce que nous pouvons en témoigner. « C’est partir de ce qui ne va pas pour en faire le tour,précise Jean-Michel Hirt, et explorer toutes les dimensions de sa vie psychique en laissant la parole vous emporter, car c’est elle qui va mettre en mots l’individu. Nous ne sommes que ces mots que nous pouvons avoir sur notre compte, sur notre histoire. Il faut apprendre à jouer avec ces dissonances, pour éviter la routine, les répétitions, comme dans une improvisation de jazz. On peut alors aspirer à être un peu moins dans le malaise, à connaître une forme de liberté de vivre et de penser. Freud disait :“La vie n’est pas une chambre d’enfant. À l’issue d’une analyse, si vous pouvez déjà aimer et travailler, ce n’est pas si mal !” »Un chemin qui est, peut-être, celui de l’aventure d’une vie.
UNE AVENTURE SPIRITUELLE
Au cœur de nos sociétés matérialistes, « devenir soi » ne serait-elle qu’une expression pour désigner notre recherche d’une existence simplement plus supportable ? Du côté des grandes traditions spirituelles, on en retrouve une lecture plus profonde.
Qu’elle soit appelée soi ou âme (lire les repères ci-contre), il existe bien une part intime et singulière de chacun d’entre nous dont il faudrait prendre conscience et aller rechercher par un retournement du regard de l’extérieur vers l’intérieur. Une véritable « conversion », résumée par cette parole de Dieu à Abraham dans la Genèse : « Va vers (ou pour) toi » et poursuivie, avec tant d’autres, dans Les Confessions de saint Augustin : « Ne t’en va pas au-dehors, rentre en toi-même ; au cœur de l’homme habite la vérité. »
Cette quête de soi, verticale, est fréquemment symbolisée par la métaphore de la montagne, vue comme l’image de l’épanouissement personnel et de la rencontre avec le divin. C’est l’ascension du mont Fuji au Japon, pèlerinage tant physique que spirituel pour les bouddhistes, la colline Arunachala pour les hindous (résidence des 33 dieux de la mythologie du Rig-Véda), le mont Sinaï ou le mont Carmel en Israël, « vignoble de Dieu », ou encore la montagne spirituelle de Qâf que l’on trouve par exemple dans la célèbre épopée mystique du poète persan Attâr, Le Langage des oiseaux.
Une rencontre vers sa liberté
Mais pourquoi diable entreprendre un voyage si périlleux ? Pour se laisser rejoindre par Dieu (ou le principe divin selon les traditions) afin, ensuite, de mieux rejoindre les autres, liberté intérieure octroyée. Pour les chrétiens, Maxime le Confesseur (580-662) a cette formule : « Qui est parvenu au sommet de la liberté intérieure possède la charité, il ne fait plus de différence entre soi et autrui. » La charité, première des trois vertus théologales – qui, avec l’espérance et la foi, sont les principales forces nécessaires pour conduire son âme et sa vie selon le christianisme –, est ici centrale pour établir cette relation entre soi, Dieu et les autres. Définie par le catéchisme de l’Église catholique, la charité est celle « par laquelle nous aimons Dieu par-dessus toute chose pour lui-même, et notre prochain comme nous-même pour l’amour de Dieu ».
Fruit de cette charité, à défaut d’extase ou d’union mystique réservée à quelques-un(e)s, quelque chose de précieux, une amitié, une communion, que saint Augustin nomme la dilection. C’est, écrit-il dans ses Lettres,« L’achèvement de toutes nos œuvres. (…) Là est la fin ; c’est pour l’obtenir que nous courons, c’est vers elle que nous courons ; une fois arrivés, c’est en elle que nous nous reposerons. » Un amour pur et spirituel où la paix, la joie et la miséricorde peuvent s’éprouver. « La charité, ce n’est pas d’éprouver de grands sentiments, explique le frère Anthony-Joseph Pinelli du couvent des Carmes de Paris. C’est engager notre volonté pour faire du bien à l’autre. La croissance spirituelle va toujours de pair avec un décentrement. Mais il faut pour cela que je me laisse délivrer du narcissisme présent dans mon cœur. Méfions-nous de tous les marchands de bonheur. Une bonne méthode de discernement consiste à se demander qui est au centre : celui qui parle ou Dieu ? Le menteur se met au centre, le véritable maître spirituel montre le chemin vers Dieu et laisse libre, y compris de ne pas l’emprunter. C’est la parabole du jeune homme riche dans les Évangiles. »
Un processus individuel, évolutif et libre qui laisse donc la place à l’inattendu de la rencontre et n’est pas, par définition, maîtrisable. « Nos trois dimensions – matérielle (le corps), psychique et spirituelle – ne cessent de s’accorder, de se lier ou de se délier, et l’on peut expliquer beaucoup d’épisodes de sa vie en fonction de ces liaisons ou de ces déliaisons, observe le psychanalyste Jean-Michel Hirt. Si l’homme ne vit que dans l’horizontalité, sans sa part spirituelle, il est comme mutilé. Devenir soi, c’est devenir plus que soi, dans une rupture avec l’horizontalité, ce que l’on ne trouve pas du tout dans la perspective du développement personnel. »
Cette ouverture à l’autre qui passe aussi par l’empathie et la compassion est ce qui permet d’éviter l’illusion d’une toute-puissance sclérosante. « Ce n’est pas être soi qui importe, poursuit Jean-Michel Hirt, mais oser être plus grand que soi. Un dépassement non pas narcissique, mais qui implique l’autre et une forme de verticalité, qui s’exprime diversement selon les croyances de chacun. Dans la mystique arabo-musulmane, où il n’y a pas d’incarnation, la rencontre de cette présence divine se réalise chez quelqu’un d’autre, qui peut être n’importe qui mais dont il faut reconnaître la face (ou part) divine particulière. C’est la théophanie. Les mystiques musulmans, comme Ibn Arabi, utilisent fréquemment la métaphore de “polir son miroir”, pour qu’un jour, soi-même comme un miroir, nous puissions réfléchir à notre tour à la face du divin qui nous concerne. »
Un travail du corps et de l’esprit
Cette quête est un travail tout aussi mental que physique. Dans le christianisme, corps et âme forment d’ailleurs un tout indissociable, signe de la personne humaine prise dans ses trois dimensions (ré)conciliées. Comme l’écrivait François Varillon dans Joie de croire, joie de vivre (Bayard) : « L’âme n’est jamais sans le corps, le corps n’est jamais sans l’âme, le corps et l’âme ne sont jamais sans le monde. »
Les modes d’accès à cette dimension spirituelle sont très différents : l’ascèse pour les chrétiens, la pénétration du texte jusqu’à être texte soi-même pour les juifs et dans de très nombreuses traditions, des formes multiples de méditations. « Dans l’hindouisme, par exemple il existe deux voies méditatives d’accès à ce soi », explique Martine Le Peutrec, animatrice au centre parisien inter-religieux Forum 104 de séances de méditation dans la voie du sage indien Ramana Maharshi, qui a justement centré son enseignement sur la recherche de la nature ultime de notre réalité intérieure. « Il y a une voie directe, le jnana yoga, voie de la connaissance faite d’une introspection qui pose la question “qui suis-je ?” jusqu’à la source de l’être, et une voie de l’abandon, le bhakti yoga, dévotion totale à cette force plus grande que nous, et qui correspond à l’“ainsi soit-il” chrétien. » Alors, pour soi, réflexion ou abandon ? Cela donne… à réfléchir.
L’ORAISON SILENCIEUSE, UNE VOIE D’ACCÈS
La tradition chrétienne a développé une technique de méditation éprouvée, permettant à chacun de s’accomplir sans s’oublier.
L’oraison silencieuse a été précisément décrite par les deux grands réformateurs de l’ordre du Carmel au XVIe siècle, Jean de la Croix et Thérèse d’Avila. « Par rapport à d’autres, cette méditation a pour spécificité non seulement l’intériorité, le recueillement, mais surtout la rencontre d’une personne autre que moi : le Christ », explique le frère carme déchaux Anthony-Joseph Pinelli.
Dans son livre Le Château intérieur, écrit en 1577, Thérèse d’Avila propose l’image du château pour symboliser l’âme, la dimension spirituelle de la personne humaine, capable d’entrer en relation avec Dieu. Elle considère que l’oraison est la porte de ce château intérieur. « On dirait un guerrier qui se retire dans une forteresse pour se mettre à couvert des attaques de l’ennemi, écrit-elle. Ainsi, l’âme appelle au-dedans d’elle-même tous ses sens et les détache des objets extérieurs avec un tel empire que les yeux du corps se ferment d’eux-mêmes aux choses visibles, afin que ceux de l’âme acquièrent un regard plus pénétrant. » Dans ce château, elle décrit sept demeures, qui balisent l’aventure de l’oraison, depuis le chemin de ronde à l’extérieur, jusqu’à la demeure la plus intérieure, où Dieu lui-même réside et désire nous unir à lui.
Dans ce parcours, une place très importante est faite à « la connaissance de soi». « La connaissance de nous-même est le pain avec lequel il faut, dans cette voie de l’oraison, prendre tous les autres mets », continue Thérèse d’Avila. Cette observation, qui nécessite intelligence, volonté, persévérance mais surtout charité, est posée dès la première demeure. « Quelle ignorance ne serait pas, mes filles, celle d’une personne à qui l’on demanderait qui elle est, et qui ne connût pas elle-même ou qui ne sût pas quel est son père, quelle est sa mère, ni quel est son pays ! Ce serait là une insigne stupidité. Or, la nôtre est incomparablement plus grande dès lors que nous ne cherchons pas à savoir ce que nous sommes, et que nous ne nous occupons que de notre corps. » Mais, pour elle, cette connaissance de soi n’est pas une fin. « Ce n’est que le début d’une ouverture essentielle, orientée vers la rencontre du Christ, explique le frère Anthony-Joseph Pinelli. Dans l’oraison, c’est Dieu qui donne la grâce de se connaître vraiment. C’est sous sa lumière qu’est révélée la vérité la plus profonde de mon être. Elle commence d’ailleurs son livre en parlant de la beauté inaliénable de l’âme de toute personne. » Mais que permet cette rencontre avec le Christ ? Ce chemin, écrit Thérèse dans la septième et dernière demeure du château intérieur, n’a qu’un but : produire des œuvres.
« Nous sommes appelés à nous déployer jusqu’à “donner du fruit”, autour de nous, en portant l’attention aux autres, détaille Anthony-Joseph Pinelli. Je ne me développe jamais seulement pour moi-même mais pour le bien de tous, et l’authenticité de l’union à Dieu dans l’oraisonva toujours se mesurer aux effets dans ma propre vie et autour de moi. Celui qui s’imagine être uni à Dieu mais se coupe de l’autre est dans l’illusion. Thérèse parle “d’âmes encapuchonnées”, ces personnes repliées sur leur propre prière sans s’en rendre compte. » L’oraison ne consiste pas à faire le vide en nous, de s’oublier ou, comme dans les traditions asiatiques, de dissoudre l’individu (l’ego) dans le « grand tout ». « Ce qui est fondamental, poursuit le frère carme, est que l’ouverture sur plus grand que soi est sans concurrence avec notre être personnel. Au contraire, plus je suis uni au Christ, plus je deviens la personne réelle que je suis amené à être. »
Le chemin, bien sûr, ne se fait pas sans embûches, et comporte des périodes de crises, de désolations, de désorientations, appelées par Jean de la Croix des « nuits ». Et quand Thérèse d’Avila parle du péché, c’est d’un décalage par rapport à l’amour de Dieu et de son prochain dont il est question. « Elle prend l’image d’un voile noir qui recouvre le château de l’âme et empêche la lumière de Dieu, toujours présent au plus profond du château, de rayonner. Mais la source de lumière est toujours là. Il y a une circulation entre la connaissance de soi et la connaissance de Dieu : la connaissance de soi est ouverte à la rencontre de l’Autre qu’est Dieu. »
« Il n’y a pas de recettes, conclut-il. C’est un chemin de liberté, toujours personnel et en communion avec nos frères et sœurs. » Le but de la vie chrétienne, comme le disait saint Augustin, est bien « Soyez ce que vous voyez, et recevez ce que vous êtes, le corps du Christ ».
Au terme de ce périple, simple survol de cette quête sans fin, dont la destination ne peut être inscrite sur aucune carte d’identité sous peine de l’entraver, peut-être faut-il garder en mémoire le bon mot de l’auteur du Portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde, contre tous les faux reflets : « Sois toi-même, tous les autres sont déjà pris. »