L’unité des chrétiens et le chapelet de Troinex (16/01/2022)

8B7DEAB8-2736-4ED7-9E42-C3C51329D0C7.jpegToutes les grandes religions sont divisées en courants, églises, traditions et autres sectes ou chapelles. Nombreuses. Souvent acrimonieuses l’une envers l’autre, voire meurtrières. Dans le monde des chrétiens, tradition qui s’inscrit depuis 2000 ans dans les pas du juif Jésus - Allez, annoncez la bonne nouvelle du salut, baptisez, guérissez, consolez… - la semaine qui s’ouvre, du 18 au 25 janvier, est celle de l’unité des chrétiens ou plus précisément la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. 

Les trois paroisses Salève de notre unité pastorale Carouge Salève Acacias, soit Compesières, Veyrier et Troinex, prieront dimanche prochain 23 janvier à 10h en l’église arménienne de Troinex. Notez-le. 

Cette semaine, à propos de la prière, j’ai reçu un beau témoignage d’une paroissienne de Troinex. 

Ce texte nous parle du chapelet, une tradition mariale qui s’est un peu perdue dans nos rituels après la rénovation de Vatican II (quoique la récitation quotidienne du chapelet à Lourdes et retransmis par KTO su YouTube est vu par des dizaines de milliers de personnes). Comme la flamme vacillante mais fière d’un lumignon, elle perdure à Troinex notamment. Je vous invite à le lire. Je me suis dit que le chapelet était un peu comme nos églises, séparées, et leurs propres chapelles concurrentes, des sphères, dont il manque un bon cordon pour les relier. 

Notez qu’un chapelet forme un collier soit un espace circonscrit et qu’il commence par un appendice de quelques perles et une petite croix. Et je me suis. Dieu a été descendu de la Croix (pourquoi continue-t-on de l’y représenter?), est-il seulement quelque part dans le cercle que forme les boules nouées au cordon?

Voici le texte d’Elsa Wack. Bonne lecture. (L’illustration de cette note a été empruntée au site de Radio Notre-Dame, fondée par le cardinal Lustiger mais qui n’est plus financée par le diocèse de Paris selon Wikipedia)

PS: Ce blog de la paroisse de Compesières est à vous. Faites nous part de vos commentaires ou de vos réflexions et de vos prières. (JFM)

Le chapelet à la cure de Troinex

Vous avez peut-être noté dans les activités de la paroisse qu’il existe des groupes qui prient régulièrement le chapelet. L’un d’eux, celui du lundi à 19h30, se réunissait à l’École de la Salésienne jusqu’au début 2020, il a émigré à la cure de Troinex pour des raisons que vous devinez. Ce groupe existe depuis longtemps.

A l’époque, Martha, mère de Dami (prénoms fictifs), un enfant né polyhandicapé, demanda au curé de prier pour lui car il devait subit une opération lourde. Le curé signala à Marthal’existence d’un groupe de prière, d’orientation charismatique et où l’on discutait aussi de sujets théologiques, à la Salésienne.

Au fil des événements, ce groupe s’est étiolé et les sœurs de la Salésienne, qui se couchent et se lèvent tôt, trouvaient que les discussions se prolongeaient trop. D’autre part, malgré la réussite de l’opération de Dami, il souffrait toujours beaucoup, et sa mère à travers lui. Elle demanda alors aux sœurs si l’on ne pourrait pas « tout simplement prier le chapelet », en terminant au plus tard à 20h15. La demande fut acceptée.

Ce groupe du chapelet, qui prie maintenant à Troinex, est composé de trois à six personnes. Parfois il y en a zéro ; ne vous étonnez donc pas si, un lundi ou l’autre, il n’y a personne au rendez-vous de 19h30. Le chapelet s’arrête aussi généralement pendant les vacances scolaires.

Ces prières sont très répétitives. Il y a d’abord le choix du mystère (joyeux, douloureux, lumineux ou glorieux) et l’énoncé des intentions de prière. Les participantes ont chacune un livret qui donne le déroulement et les textes, dont elles savent une grande partie par cœur. Il y a la prière à l’Esprit Saint, le Credo (en version traditionnaliste) ; 50 Je vous salue Marie, chaque dizaine étant précédée d’un Notre Père un peu abrégé, et suivie d’une prière de Fatima pour le pardon des péchés et d’une prière de Vassula que tout le monde ne prononce pas. Avant chaque dizaine, quelques phrases bibliques lues dans le livret permettent de se concentrer sur un événement de l’Évangile (par exemple l’Annonciation, premier Mystère joyeux, ou la Flagellation, deuxième Mystère douloureux).

Les prières sont récitées avec des répons, c’est-à-dire qu’une partie est prononcée en chœur. Un certain rythme s’installe, une harmonie se crée entre les voix. À la place du controversé « fruit de tes entrailles », que certaines n’aiment pas prononcer, celle qui récite (en alternance) la première partie du Je vous salue Marie lit des « clausules » dans le livret : par exemple, « …et Jésus, dont Gabriel annonce la venue, est béni » dans le mystère de l’Annonciation. A la fin de chaque dizaine il y a encore le « fruit du mystère », qui est l’humilité dans l’Annonciation, la pureté dans la Flagellation, etc.

Certaines participantes tutoient Marie, d’autres la vouvoient.

La récitation en répons et en chœur, avec son côté litanique, crée une atmosphère spéciale que chacune, certainement, vit à sa manière, concentrée sur le temps qui semble s’écouler dans une autre dimension. Les pensées ordinaires, parfois pesantes, s’éloignent. Pour moi, les mots « Priez pour nous, pauvres pêcheurs, maintenant et à l’heure de notre mort » sont essentiels.

En d’autres temps, j’aurais considéré cette pratique de prière comme un lavage de cerveau ; maintenant, j’y vois plutôt la recherche d’une paix intérieure, un lâcher-prise face à la souffrance.

Un soir, le chapelet m’a apaisée dans un moment de grande détresse. Mon mari alcoolique et toxicomane m’en faisait voir de toutes les couleurs. Je lui avais donné un coup de poing, au bras peut-être, puis j’étais sortie de la maison, horrifiée de lui et de moi-même. Je me suis retrouvée pleurant dans les bois de Veyrier, près de notre maison. Soudain, j’ai regardé ma montre : il était 19 heures, on était lundi, j’avais juste le temps de marcher jusqu’à la Salésienne où devait avoir lieu le chapelet. J’y suis arrivée ; le groupe était petit, nous étions trois, je crois. J’ai parlé un peu de ma situation. Martha m’a demandé si je voulais que nous priions le Mystères douloureux et c’est ce que nous avons fait. Depuis, je suis fidèle à ce groupe, malgré l’âge des participantes (à 66 ans, je suis généralement la plus jeune) et leur côté très traditionnaliste.

Elsa Wack

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