Le goéland des Eaux-Vives et la colombe de Saint-Pierre (05/03/2022)

099A559F-34D1-40B1-A8A8-20EC24B51481.jpeg« Le goéland de l’église Saint-Joseph a été baptisé et béni au bord du lac ». La Tribune a rapporté largement cette semaine l’heureuse suite et fin de l’histoire de cet oiseau  resté coincé dans la croix du clocher de Saint-Joseph et que les pompiers avaient délivré en triste état. Le voilà à nouveau libre.

La Julie évoquera-t-elle la colombe qui devrait s’élever ce soir à 18h de l’autel de la cathédrale Sant-Pierre quand Pascal Desthieux consacrera le pain et le vin et que l’hostie deviendra le vrai corps et que le calice contiendra le vrai sang du Christ, une colombe comme celle qui s’éleva au-dessus de Jésus, que Jean avait baptisé dans le Jourdain, attestant que cet homme était bien le fils promis du Dieu d’Israël?.

Ce 5 mars 2022 est un jour historique à Genève. 

L’affaire de la messe à la cathédrale Saint-Pierre de Genève, haut lieu comme on sait du protestantisme, avait fat l’effet d’une petite bombe quand ses deux initiateurs, Pascal Desthieux, qui fut curé de Saint-Joseph, et Emmanuel Rolland, alors pasteur de la cathédrale,  concoctèrent  l’idée d’une messe catholique, la première depuis 1535.

Prévue initialement le 29 février 2020, histoire de dire que cet invitation n’était pas destinée à se renouveler comme c’est le cas à Lausanne où depuis bientôt 20 ans les catholiques vaudois célèbrent une messe, la première tentative fut stoppée par l’irruption d’un virus bien connu. La deuxième tentative fixée à Pentecôte 2021 fut elle-aussi victime de la Covid. La troisième, ce samedi 5 mars donc, première fin de semaine du Carême 2002, devrait donc se dérouler sans anicroches et ce même si l’invasion du berceau de l’orthodoxie slave par les armées de la Sainte Russie et le petit jeu sadique de son dirigeant éphémère avec son jouet atomique jettent un froid sibérien sur le monde. 

A quoi bon cette messe? L’Eglise catholique est restée presque muette sur l’événement soucieuse sans doute de ne pas jeter de l’huile sur les braises du schisme protestant du XVIe siècle. Les protestants de Saint-Pierre ont été eux sommés de s’expliquer et ont dû batailler ferme en interne pour que leur invitation ne soit pas caduque et sans lendemains. A noter que le site de la paroisse de Saint-Pierre ne dit pas un mot non plus sur cet événement historique. 

Dans Le Courrier du 24 février dernier, quotidien créé par l’Eglise de Genève au XIXe siècle (et abandonné par elle il y a une bonne trentaine d’années)  pour défendre les catholiques du canton contre les anticléricaux de tout poil, dans un temps où la papauté dénonçait la république et la démocratie et jetait les livres impies au feu, dans Le Courrier donc, Daniel Pilly, ancien député socialiste et président du Conseil de paroisse de Saint-Pierre, explique la démarche de sa paroisse. Sous le titre « Saint-Pierre ose un geste de confiance », il défend qu’« il s’agit du logique «aboutissement du travail œcuménique remarquable» qui lie les deux Eglises à Genève, et qui se manifeste notamment au niveau des aumôneries ou de certaines formations ».

Il est vrai que nous vivons un heureux temps de paix et de collaboration entre réformés et catholiques à Genève. Et que ce la vaut bien une messe à la cathédrale. Et la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg, et la basilique Notre-Dame de Genpve, accueilleront-elles un jour un culte protestant? « A Fribourg, il n'y a que 15% de protestants. Les mentalités ne sont pas encore prêtes pour un tel événement », avait expliqué Nicolas Betticher dans un article que le journal Le Temps avait consacré en 2006 à la première messe à la cathédrale de Lausanne par l’évêque du docièse de Lausanne Genève et Fribourg.

A Compesières, nous accueillons des cérémonies protestantes notamment à l’occasion de funérailles et lorsque c’est au tour de notre commune d’héberger la fête annuelle de la paroisse protestante qui recouvre les territoires de l’ancienne paroisse catholique de Compesières, soit les trois communes de Plan-les-Ouates, Perly-Certoux et Bardonnex. 

Cette messe de la cathédrale sera donc une messe de la repentance puisqu’elle tombe au début de ce temps où les chrétiens font plus que d’habitude oeuvre d’humilité et de réconciliation. 

Le prêtre en question

Cette messe au temple de Saint-Pierre tombe alors qu’au Vatican, on s’interroge sur le sacerdoce du prêtre. Et là nous sommes concernés, nous les paroissiens de Compesières, comme tous les fidèles catholiques de la terre.

Le prêtre doit retrouver son rôle de bon pasteur au service des croyants. Une révolution pour l’église catholique qui a trop adopté la forme pyramidale chère aux hommes de pouvoir - voyez Poutine - . Sans les demander de mettre la pyramide à l’envers, elle doit se concevoir en cercle où tous sont égaux dans l’institution. Bref une démarche d’assemblée ou, pour le dire avec les mots trois souvent hélas incompris de l’église, une démarche synodale. 

A ce propos je ne peux que vous recommande de lire le discours de François sur le prêtre

Cela pose crucialement la question des paroisses sans prêtre, comme la nôtre. 

 

PS: Sur la messe à la cathédrale, le journal qui en a le plus parlé est sans conteste Réformés, le mensuel des protestants de Suisse romande. 

A noter que le Carême protestant sera prêché cette année à Saint-Pierre par des femmes exclusivement, histoire de marquer sa différence avec une église catholique toujours fermée au principe de l’égalité. 

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