« Il y a des raisons d’espérer » (15/03/2023)
Mardi soir, une petite centaine de personnes sont venus au temple de Plan-les-Ouates, écouter la conférence d'Anne Soupa. La théologienne française, co-fondatrice du Comité de la jupe, défraya la chronique en 2020 en se portant candidate à la fonction d'archevêque de Lyon.
Anne Soupa, devenue croyante et théologienne sur le tard, une fois élevés ses quatre enfants, comme une femme normale, répond-elle à Hélène Sommer, qui avait la tâche de présenter la vedette du soir. Ses cheveux sont tout à fait raccord avec ceux de l’assistance. Rares hier soir les moins de 60 ans.
Que cherchait la petite centaine de chrétiens, ce 14 mars soir au temple de Plan-les-Ouates, venus écouter, dans le cadre de la Conférence oecuménique de Carême de notre région, Anne Soupa, la théologienne catholique controversée - elle déposa sa candidature en 2020 pour devenir archevêque de Lyon - ?
Qu’espéraient-ils? Voir plantées quelques banderilles dans le grand corps malade de l’Eglise catholique? Recueillir quelques guides pour ne pas se perdre sur le chemin du synode ouvert par le pape François ou celui des catholiques allemands, plus radical et plus controversé, achevé le 11 mars dernier? Une plainte féministe contre le patriarcat qui s’incarne aujourd’hui dans un clergé romain exclusivement masculin?
Cette monoculture, qui se retrouve dans presque toutes les confessions chrétiennes à Genève, sauf peut-être celle des évangélistes, n’est pas une ségrégation voulue des adults et des jeunes, mais un fait têtu et pour certains angoissant. Personne n’en fit cas mardi soir.
Un prêche dans l'air du temps
Hélène Sommer tenta bien d’allumer le feu. En vain. L’assistance dut se contenter de quelques propos liminaires un peu amères comme: « L’église catholique doit s’ouvrir aux femmes ou elle disparaîtra» ou encore cette citation prêtée à l’ex-cardinal de Paris André XXIII : « Il ne suffit pas d’avoir une jupe, encore faut-il avoir quelque chose dans la tête ». En rapport au Comité de la jupe, fondé en 2008 par Anne Soupa et Christine Pedotti, qui regroupe en France des femmes voulant faire bouger l'Eglise.
On a encore appris qu'Anne Soupa n’avait pas de modèle et espérait bientôt créer un lieu d’écoute sur le mal et la souffrance. Tout à la fin de cette séquence de présentation, cette note sur la Suisse ou les Suisses: « J’ai été fâchée quand j’ai appris que des armes suisses allaient finir au rebut plutôt que d’être données à l’Ukraine. »
Pour le reste de la soirée, Anne Soupa botta en touche et endossa son habit de théologienne. Le pasteur Blaise Menu, assez fier d’avoir décroché la timbale en invitant une aussi prestigieuse conférencière, avait lui-même écarté tous risques de dérapage en proposant un thème imposé: « Il y a des raisons d’espérer »
« Il y a des raisons d’espérer »
Il y a (donc) des raisons d’espérer, même au coeur de la passion du Christ a enchaîné et voulu démontrer la conférencière en abordant successivement trois questions: Pourquoi Jésus meurt? Comment Jésus meurt-il? Et pourquoi Jésus meurt-il lors de la Pâque juive?
Dissertation assez dense mais intéressante, quoique je ne sois ni prof ni théologien pour en juger. Personne n’a contesté des propos somme toute assez dans l’air du temps, où les humains sont devenus assez grands pour être assez maîtres de leur destin... Et dire adieu à Dieu.
Le fils de Dieu est donc mort sur la croix, parce que les puissants ici-bas ne supportent pas la bonté. Les hommes de bonté - le Christ, Gandhi, Martin Luther - sapent le pouvoir des puissants assis sur la peur et l’oppression. Eux-mêmes ont peur. De l’autorité morale qui émanent des gens bons en particulier, ceux et celles qui vont jusqu’à donner leur vie pour répandre le bien. Car même le bourreau, même Pilate ont droit à cette parole: « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime ». Voilà une première raison d’espérer.
Vers 1517, Luther a compris, poursuit la théologlenne, qu’il reçoit l’amour sans devoir se justifier. Je suis (être) parce que je suis (suivre). Dieu n’est pas nécessaire, poursuit la théologienne. Je ne sais pas si Dieu existe, mais l’amour qu’il me donne me libère.
Sans ce don, ce don d’amour inconditionnel, il n’y a pas de société viable, affirme Anne Soupa. Une société qui refuse de donner est une société en guerre. Jésus Christ est l’incarnation de ce don. Sa mort est un scandale pour ceux, les Grecs, les philosophes, les incroyants qui ont de Dieu une image de toute puissance. La Croix rompt avec le Dieu tout puissant.
Dieu sur la croix accepte la condition d’esclaves, du plus petits des humains. Un abaissement qui nous rassemble, tous égaux. Jésus humanise, inclue, nous offre un humanisme intégral. Ne cherchez pas à comprendre comment il est ressuscité - ce sont des questions de techniciens - il est ressuscité parce qu’il s’est donné, dit en substance la conférencière. J'espère l'avoir bien comprise et ne pas trahir ces propos.
Dieu est-il parmi nous? Oui, continue Anne Soupa, qui tient bien son auditoire bienveillant. Oui mais le croyons-nous? Je le croix pour toujours, confesse-t-elle, citant Françoise Dolto: "Celui qui croit n’est plus jamais seul » et Denis Moreau: « Jésus est ressuscité mais aussi ressuscitant ». Plus je suis (être) croyant, plus je le suis (suivre).
Anne Soupa termine par Marthe, la soeur de Lazare. Elle ne demande pas la résurrection de son frère. Elle dit à Jésus: « Tu es le Christ, tu es la voie de la vie ».
Comme ailleurs, comme toujours, Jésus dit: Ta foi t'a sauvée. La résurrection de Lazare en est la manifestation.
Bien sûr, c’est une utopie.
Claudine Menoud, Anne Soupa, Hélène Sommer, Yves Brun, Blaise Menu.
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Commentaires
Merci beaucoup!
Écrit par : martha | 22/03/2023