Le Père du Sahara habite Archamps (14/03/2025)
Plus de 60 personnes pour la conférence oecuménique de Carême de notre région, un record. C’est un "curé des sables" qui fait le plein. Il est venu avec un fan’s club, des paroissiens des 14 clochers de la paroisse voisine de Saint-Julien en-Genève, séduits par le charisme et la vie de ce missionnaire, un Père blanc de 82 ans. Raphaël Deillon habite à la cure d'Archamps. Il a passé un quart de sa vie dans le Sahara algérien, au temps tragique de la Décennie noire: 100 à 150’000 morts - dont les moines de Thibirine - victimes d’une guerre civile entre les islamistes et un gouvernement pas vraiment démocratique (et toujours en place).
Ce samedi 15 mars à 18h à Troinex. Messe avec onction des malades.
Dimanche 23 mars à 10h, messe à Compesières. suivie d'un apéro (on cherche des volontaires) et de la vente de fleurs locales, plantes d'intérieur ou d'extérieur en faveur de l'Action de Carême. N'hésitez pas à apporter les vôtres. Action de Carême, pour un monde plus juste et sans faim ! Elsa Wack
Concert de l'orchestre La Sinfonietta, dimanche 23, à 18 h, à Compesières.
Autres informations et annonces de note UP dans les Infos paroissiales de mars.
Et toujours l'agenda de l'Eglise catholique à Genève
De la guerre civile, Raphaël ne dit rien ou presque. De la politique, de la présence française, il ne dit rien. Du pétrole, des ethnies, des imams non plus. Il égrènera ce soir 12 mars, à Lancy, quelques histoires d'entraide tirées de son carnet de bord, où il a consigné chaque soir "ce qui s'est passé de beau dans la journée".
Des graines d’espérance comme pour conjurer les milliards de grains de sable du Sahara. Il reste pudique sur la peur, la mort, l'injustice de ces années de plomb. Ces mots, glanés au vol:
"A Tizi Ouzu, nous avons perdu quatre frères assassinés
Douleurs et questions
Pourquoi ?
Esprit Saint, où es-tu ?
J’ai pleuré d’incompréhension et de colère"
Il en dit un petit peu plus sur la guerre et ses ravages dans "Des roses dans le sable", un petit ouvrage de 130 pages publié en 2003, juste après son retour d'Algérie. En 2025, alors qu'il n'est pas retourné en Algérie depuis plus de 10 ans, il délivre à l'assistance rassemblée à la salle paroissiale du Grand Lancy surtout le bien de ses souvenirs: "Gheir el kheir", rien que le bien.
"Cette expression arabe, que j'ai entendue jusque dans les pires moments de souffrance, m'a encouragé, écrit Raphaël Deillon dans le prologue, à mettre en livre les notes que j'ai prises. Et de n'en retenir que le bien..."
"L’esprit de Dieu est en chaque être vivant, démarre-t-il d'emblée." L'assemblée est comme suspendue à ses lèvres. "Il appartient à chacun d’en être le révélateur. Les roses des sables, il faut creuser pour les trouver ou attendre la tempête pour qu'elles apparaissent merveilleuses à la surface."
De même, l'esprit de Dieu n'est pas visible de prime abord. Il faut creuser en soi. Il apparaît au détour de la moindre rencontre, dans le dialogue incessant, dans l'entraide surtout, ces petits riens où se niche l'amitié. A entendre ce curé des sables, les gens de là-bas, les gens du désert voient mieux Dieu, l'invoquent plus souvent que nous ici.
Dieu est partout dans ce monde musulman, que Raphaël a aimé dès son premier contact en 1965 et qu'il défend toujours. Il avait alors à peine 22 ans, c'était le temps des yéyés, des hippies, des prémices de 68, de l'indépendance de l'Algérie aussi, au terme d'une guerre... - comment la qualifier? -. De cette vie-là, de sa vie. il ne parle pas. Pas ce soir.
Pourquoi est-il parti dans le désert? "Je suis né en 1943 à Saint-Julien-en-Genevois de parents paysans fribourgeois venus dans les années 30 s'employer à Viry. Adolescent, je suis allé au petit puis au grand séminaire d'Annecy. Nous étions 90 étudiants, tous enthousiasmés par le Concile Vatican II. Je ne me voyais pas dans un presbytère. J'avais besoin de grand air."
Il répond alors à une annonce pour un poste temporaire d'enseignement à Ouargla. Le dictionnaire qu'il consulte associe cette ville inconnue aux mots dattes et oasis. Il cite encore deux encycliques de Paul VI qui ont orienté son choix: Nostra Astate (1965, déclaration des relations avec les Eglises non chrétiennes) et Populorum progressio (1967, "La question sociale est aujourd'hui mondiale").
Et l'oecuménisme? Au détour d'une question posée à la fin de son chapelet de souvenirs, il lâche ces mots: Des pasteurs évangéliques sont venus des Amériques et de Suisses. Ils n’ont pas toujours eu la délicatesse notamment chez les Kabyles qu'ont eu avant eux les autres Eglises chrétiennes...
Ce ne sont là que quelques échos d'une seule soirée. Presque rien pour une pleine vie d'engagement qui se poursuit.
Pour qui voudrait faire connaissance avec ce missionnaire, Raphaël célèbre souvent la messe dans les paroisses de Saint-Julien, ce samedi il sera à 18h30 à Viry. Souhaiteriez-vous l'entendre à Compesières?
En 2025, les missionnaires d'Afrique, les pères blancs, fêtent le bicentenaire de la naissance Charles Lavigerie, archevêque d'Alger, fondateur de la Société des Pères blancs, dont Raphaël Deillon a été le délégué de la province de Suisse. Il est toujours rédacteur en chef de la revue Présence et se rend fréquemment à Fribourg.
Photos: Deux des quatre membres organisateurs des conférences de Carême depuis 2009, Hélène Sommer et Yves Brun, en compagnie de Raphaël Deillon.
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