(NB: L’article ci-dessous n’est pas comme les autres publiés sur ce site. Il implique personnellement son auteur qui cumule les casquettes d’éditeur responsable, de président de la paroisse et désormais de président démissionnaire.)

La paroisse de Compesières se trouve à nouveau à un tournant. Il y a deux ans, le 13 juin 2021, l'élection par l'assemblée générale ordinaire du soussigné à la présidence du Conseil de paroisse a été vécu comme un soulagement, un nouveau départ. Même si, faute d’autres candidats, il a fallu attendre la fin de l'année pour constituer un Conseil de paroisse au complet.

Votre nouveau président s'est retrouvé seul pendant six mois pour gérer la nouvelle salle paroissiale, le projet Orgue 21, les apéros après la messe, « Compesières Info » et le reste, notamment les relations avec l’Unité pastorale, les trois paroisses Salève étant contraintes, par manque de prêtres, à faire ménage commun avec Carouge et Acacias. L’abbé Elie Maomou, arrivé de Guinée en septembre 2019, a été nommé curé de l’UP et donc de Compesières en septembre 2021. 

Trop seul sans doute. Trop ambitieux aussi. 

Deux ans plus tard, votre président est sur le point de quitter ses fonctions. Ce sera le 30 juin déjà, à moins que le Conseil de paroisse ne revienne sur sa position et n’accepte lors de sa prochaine réunion ordinaire le 26 juin prochain, comme votre président le demande, de convoquer une assemblée générale extraordinaire le 17 septembre, dimanche du Jeûne fédéral, après la messe. J’estime pour ma part que les paroissiens ont le droit de savoir et de poser des questions. Au demeurant, l’élection d’un ou d’une successeur, ne serait-ce qu’ad interim, consolidera juridiquement le fonctionnement du Conseil. 

Ce triste épilogue est celui d’un divorce, une lente accumulation d’incompréhensions, d’entêtements et de désaccords qu’aucun conciliateur n’a eu l’idée, l’audace, le courage de combler, de réduire d’aplanir. 

Mis en minorité dans le cadre du projet Orgue 21 à plusieurs reprises, dès l'assemblée générale du 15 mai 2022, votre président s'est donc résolu à remettre son mandat. Il a annoncé son intention de vive voix à l’assemblée générale du 3 avril 2023, au cours de laquelle huit personnes, contre six et dix abstentions, ont accepté, au terme d’une procédure contestable - deux demandes de vote à bulletin secret ont été refusées - une convention d’utilisation du futur instrument, un texte bancal à ses yeux, élaborée du 15 août au 16 novembre 2022 par une commission de conciliation, créée à l’issue de l’AG de 2022 et dont il avait été exclu. 

Par deux fois, depuis le 3 avril, votre président, qui sait la charge émotionnelle provoquée par sa démission et le risque existentiel actuel pour notre paroisse, a tenté de renouer le dialogue avec l’initiatrice du projet orgue 21. En vain.

Aucun conciliateur non plus de s’est levé pour tenter de renouer les fils du dialogue et parvenir bon gré mal gré à constituer un partenariat sérieux, équilibré entre la paroisse et l’association orgue 21.

« Mais au fond tu n’en veux pas de cet orgue, tu fais tout pour que le projet capote. Même le Conseil de paroisse est désormais contre toi. »

Cette affirmation est fausse.

Nous étions deux en efffet à nous opposer au projet le 9 mars 2021, lorsque le Conseil de paroisse sortant qui était divisé sur la question a demandé son avis à une assemblée générale extraordinaire. L’association Orgue 21 venait d’être créée en février et ses statuts d’alors stipulaient qu’elle serait dissoute au lendemain du concert inaugural du nouvel instrument. Seize paroissiens ont accepté, ce fameux soir de mars accepté, que Claire Haugrel poursuive sa recherche de fonds afin que le projet ne coûte rien à la paroisse pendant dix ans. 

Le malentendu qui s’est transformé en divorce avait commencé bien avant cette AG extraordinaire du 9 mars 2021.

Quand on relit les procès-verbaux du Conseil de paroisse et qu’on consulte les archives, on ne trouve aucun document décrivant correctement le nouvel instrument. Rien. Rien sur ce qui a motivé ses promoteurs d’aller chercher un facteur d’orgue au fin fond de l’Allemagne. Rien sur ce qui justifie une dimension deux fois plus grande que l’instrument actuel. Rien non plus sur les deux orgues de choeur. Rien sur le financement. Rien sur le programme culturel. Rien sur l’avis de la chorale intéressée au premier chef mais qui n’a jamais été consultée.

Le malentendu qui s’est tranformé en divorce s’est creusé dès le second semestre 2021. Votre président, seul à la barre (il a heureusement pu compter sur André Crettenand pour les bâtiments, sur Pierre Thabuis pour les finances et sur Monique Gaud pour la gestion des objets du culte, l’administration et la comptabilité), a rapidement consulté Claire Haugrel lui demandant de présenter son projet aux paroissiens et au public - sans effet-, lui proposant des modalités de partenariat, formalisée en octobre 2021 dans une convention de partenariat au terme de laquelle chaque association demeurait propriétaire et responsable de sa partie, l’église pour la paroisse, l’orgue pour l’association, chacune s’engageant pour dix ans à couvrir les frais communs. 

Votre président n’a ménagé ni son temps ni son énergie pour faire aboutir le projet Orgue 21

En parallèle et sans en informer son partenaire paroissial, Claire Haugrel s’attache les services d’un architecte et obtient une subvention de  20’000 fr pour son association de la part de la commission sociales et culture de Bardonnex. Elle a également obtenu durant l’été 2021 l’engagement de deux gros mécènes. A ce jour, leur nom et le montant de leur contribution n’ont fait l’objet d’aucune communication officielle. 

En janvier 2022, le nouveau Conseil de paroisse est en place au complet. Sa mise en route est laborieuse et prend du temps, plusieurs membres ont une connaissance plus que lacunaire de la paroisse. Une subtile distinction divise les membres. Il y a ceux qui veulent bien s’occuper de l’église de Compesières, du bâtiment donc, et ceux qui estiment que ce bâtiment n’a de sens que s’il y a une église à Compesières, une communauté vivante locale de l’Eglise, « une, catholique et apostolique », comme on le dit dans le Credo. 

Le bateau avance cependant. Sur le dossier de l’orgue, il affronte rapidement des vents contraires. Après avoir accusé réception fin janvier du projet de convention envoyé en octobre, trois mois plus tôt, avec quelques remarques mineures, l’association Orgue 21 perd soudain patience . En mars 2022, elle adresse deux documents, une convention d’utilisation et un mandat de construction à son profit exclusif, réclamant leur adoption par l’assemblée générale du 15 mai.

Le coup de vent prend des allures de tempête. Arrive l’AG du 15 mai. La présidente de l’association Orgue 21, qui a démissionné depuis, insulte votre président au cours d’un discours réquisitoire, exige qu’il soit dépossédé du projet Orgue 21, sans quoi son association se retirera. C’est dans la douleur qu’est née la commission de conciliation instituée par le Conseil en juin 2022. 

Ébranlé, proche de la démission, votre président a voulu donner sa chance au processus de conciliation mis en place. Faute cependant, dans ces circonstances, d’un mandat clairement rédigé, la commission s’est égarée. Elle devait trouver les modalités d’une collaboration entre deux partenaires. Elle a rendu le 17 janvier 2023 un rapport incomplet. Le rapport contient certes un projet de convention d’utilisation du futur instrument mais rien sur les modalités de construction et les rapports entre les partenaires durant cette première phase cruciale. 

La conciliation n’a donc pas abouti. La tempête au contraire est repartie de plus belle ce printemps.

Le Conseil de paroisse découvre le 27 février qu’il existe non pas une mais deux versions de la convention, la seconde, associée au rapport, a subi des modifications demandées par l’association Orgue 21 après la clôture des travaux de la commission. Le 2 mars, l’association orgue 21 adresse une lettre recommandée exigeant la signature de la paroisse avant le 8 mars sans quoi le projet Orgue 21 serait arrêté. Le 15 mars, l’association constate que la convention n’est pas signée et annonce la fin du projet, sauf retour extraordinaire de la situation. Quel est ce retour? La démission de votre président.

C’est dans ces circonstances plus que pesantes que l’assemblée générale du 3 avril 2023 a lieu. Les prises de parole et l’issue du vote sur cette fameuse convention disent combien les membres de notre paroisse sont dans le désarroi: la délibération est adoptée par huit voix, dont cinq du Conseil, six contre et dix abstentions. Le vote à bulletin secret a été refusé entachant le scrutin d’illégalité. 

« Tout pourrait être réglé si tu acceptes de ne plus nous mettre les bâtons dans les roues. » Cette déclaration de Claire Haugrel lors de la dernière assemblée résume bien la situation. Les bâtons dans les roues sont ce que j’estime être les intérêts de la paroisse dans cette affaire. Nous ne sommes simplement pas d’accord sur ce que sont les intérêts de la paroisse. 

Je ne conçois pas que l’église à Compesières ait vocation de dépenser son énergie et son temps à se préoccuper tant de l’avenir culturel de l’église de Compesières. Je passe le témoin.

Un beau gâchis.

Comme dans tout divorce, les responsabilités sont partagées. Les miennes sont grandes sans doute. Je regrette cette issue et la trouve même injuste. Même si l’espérance demeure, ma motivation s’est émoussée. Il vaut sans doute mieux que des gens plus enthousiastes, plus optimistes, plus confiants reprennent la barre du bateau Compesières. 

J’espère que nous saurons rester bons amis.

Les documents et histoire du projet Orgue 21 sont disponibles ici.