Que retenir de la messe sur le pré, hier soir à Troinex? Un soleil estivale avait chassé les nuages. Ses rayons filtraient à travers les arbres illuminant la table de communion. L’astre du jour a longtemps été le dieu suprême, maître du beau et du mauvais temps. Qu’on invoque encore même en pays catholiques.
Pour les chrétiens, Jésus est un soleil interne. Il brille dans nos coeurs et nous donne la joie. A nous d’en être les témoins, le reflet, le rai de lumière qui change la couleur de la vie. Trois douzaines de gamins et leurs parents ont assisté à la messe. Quelques paroissiens âgés sur les côtés, une poignée au service de l’intendance - des hommes surtout - et d’autres au service de l’enseignement - des femmes surtout.
Un abbé chaleureux. Une musicienne habile. Six enfants demandant la paix, la justice, six autres concélébrant. Une parenthèse sereine. Une cérémonie bien huilée. Une belle messe des familles. Et un point d’orgue inattendu.
A la fin de la messe, l’abbé Giovanni a rappelé que nous célébrons ces jours la Fête Dieu. Le jeudi de la Fête-Dieu tombe 10 jours après la Pentecôte, 60 jours après Pâques. Dans certains cantons catholiques, la Fête Dieu est un jour férié. A Genève, naguère, je jeudi était un jour de congé. ça tombait bien. Les enfants jetaient des pétales de fleurs au-devant du prêtre qui portait les hosties consacrées, enfermées dans un ciboire doré, dans le tabernacle où elles sont conservées.
Précédé par quelques premiers communiants de l’année, Giovanni, notre frère curé ad intérim, s’en est donc allé en procession en direction de l’église de Troinex, sans oriflammes ni fanfare, portant haut le ciboire, contenant le corps du Christ, présent par notre présence.
Pour en savoir plus sur la Fête Dieu, le web est riche d’information. Voici ce qu’on en dit en Ajoie ou sur Wikipedia, ou sur la RTS.
Avant la messe, comme à chacun des six samedis d’enseignement au mystère de la foi catholique de l’année du catéchisme dont c’était la dernière, des bénévoles avaient organisés des jeux et des stands d’éveil à la foi. On suit les aventures de l’apôtre Paul: sur le chemin de Damas, à Athènes, à Malte, à Rome, l’apôtre dont la rencontre avec Jésus a transformé la vie rayonne de la joie reçue de Dieu, malgré les épreuves et les embûches.
A Athènes, raconte une catéchiste, il y avait une statue dressée au dieu inconnu. Paul affirme que ce dieu inconnu n’est autre que Jésus, Dieux fait homme, qu’il est le seul Dieu, un Dieu d’amour. Il remplacera toutes les idoles. Quelles sont nos idoles aujourd’hui, demande-t-elle, en lançant une partie de Memory? Instagram, dont le logo apparaît sur la table et le culte de soi? Pas facile l’éveil à la foi.
Une messe sur le pré à Compesières?
Pourrions-nous célébrer une messe sur le pré à Compesières? Pas facilement. A Troinex, le pré sur lequel est célébré la messe appartient à la paroisse. À Compesières, notre paroisse possède certes deux bâtiment emblématique dans le hameau qui regarde fièrement Genève du haut de sa moraine glacière, mais pas un mètre carré de gazon alentour. Tout appartient au domaine public communal. Il faudrait demander et obtenir l’autorisation de l’autorité. Une première approche l’an dernier à ce sujet s’est terminée en queue de poisson. Un avis favorable créerait un précédent et quelques soucis peut-être.
A l’apéro, servi par la paroisse de Troinex - merci - François Reusse dit qu’il met la dernière main à un ostensoir. Il l’apportera d’ici la fin de l’été à l’église de Ninive, aujourd’hui Mossoul, dans le nord de l’Irak, ravagée par la guerre de Daech. Sur 12 églises, une seule est debout. Il viendra compléter le tabernacle qu’il a déjà créé et dont a parlé cath.ch
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Ce même samedi, au matin, des parents et amis ont porté en terre Antoine Micheli. Était-ce la première fois que cette famille émigré de Lucques en Toscane au temps de la Réforme célébrait des funérailles à Compesières?* Un heureux signe que les tensions et les inimitiés entre les chrétiens ici soient devenues anachroniques. Ce n‘est pas encore partout le cas. Et nous avons encore du chemin à parcourir pour que tous les humains soient amis quels que soient leurs origines, leur couleur, leur culte, leur fortune, leur genre.
Amis des oiseaux, Antoine entretenait une relation particulière avec un « compatriote », par-delà les frontières et le temps: François d’Assise, dont nous avons lu la prière.
* Ajout du 13 juin. Renseignement pris, au début des années 70, une célébration oecuménique a dit un dernier adieu en l’église de Compesières à un neveu d’Antoine, Nicolas, fils de Madeleine et d’André-Dpminique Micheli de Jussy, tragiquement disparu à 19 ans dans un accident de voiture. André-Dominique était pasteur et devait connaître l’abbé Mauris, curé de Compesières,, suppose mon interlocuteur, Alfred Barthassat, que l’événement a marqué.