Dans le credo * ,  nous affirmons ici, au pied du Salève, comme plus de 2,5 milliards de chrétiens partout sur la planète: "Je croix à la résurrection de la chair, à la vie éternelle..." 

Que croit-on au juste en ce temps de Pâques, où tous les chrétiens se réjouissent de la résurrection du Christ? La réponse reste pour beaucoup un mystère. A notre niveau, c'en est un. Pourtant la réponse n'est-elle pas donnée lors du dernier repas de Jésus avec ses disciples. le soir du jeudi saint? Le maître lave les pieds de ses disciples. Il leur demande de faire corps et sang avec lui. 

What else, comme dirait une pub bien connue!

La messe du Jeudi saint a lieu ce 28 mars à Compesières à 20h. Pour les autres célébrations pascales, voir les horaires ici.

Tout le reste n'est-il que garniture, comme le dit un autre slogan publicitaire?

Jésus n'a qu'un commandement: "Aimez-vous les uns les autres!"

Quoi de plus simple, quoi de plus immédiat, quoi de plus divin?

 Il n'a pas certes aboli la loi, mais il n'a cessé de s'en affranchir, en mangeant avec tout le monde, en ne condamnant pas, en accueillant les enfants, en guérissant même le dimanche.  

Bref, le dernier repas est notre résurrection (d'où le s au titre de cet article). Et notre éternité? Ne tient-elle pas pour commencer dans la trace que nos actes, notre bienveillance, notre justice, nos amitiés, nos amours impriment dans la mémoire de nos prochains d'aujourd'hui et de demain. Ainsi garde-t-on le souvenir des saintes et des saints. Eternellement.

Quant à notre Salut dans l'au-delà, l'oeuvre de Dieu, il n'est par définition pas de notre ressort.

Faire corps avec le fils de Dieu est donc le chemin proposé. Gardons à l'esprit que son dernier repas est d'abord un repas, comme tous ceux, nombreux que Jésus a vécus ou organisés au cours de sa vie: des noces de Cana à la multiplication des pains à la pêche miraculeuse et au repas chez son copain Lazare et d'autres en tout genre.

Joyeuses Pâques!

Faire corps ...

... en pensée, en parole, en action et par omission...

Chacun est invité à inventer sa voie. Dans notre région Salève, un petit groupe se réunit pour prier. D'autres prient sans doute dans le silence. Comme l'eucharistie, la prière est une voie privilégiée, également mystérieuse, de faire corps et de relier les autres à soi et à Dieu.

Savez-vous que 2024 est l'année de la prière? François en a décidé ainsi en préparation de l'année 2025. Qui est l'année du Jubilé de l'espérance. (Voir ici, là et là)

A propos de la prière, Elsa Wack a répondu à notre demande et nous en parle ci-dessous.

La prière…

…il ne faudrait pas s’en vanter. Obéit-elle à des règles ou monte-t-elle spontanément ? Est-il important de dire aux autres qu’on prie pour eux ? Et s’ils sont incroyants ? Eux aussi ont leurs prières, indirectement adressées au Dieu de la civilité : « s’il vous plaît », « merci », « bonjour ».  

L’Église a publié un vade-mecum sur la prière, avec des extraits de textes du Pape.

En voici un tout petit condensé (en vert) et mes commentaires en noir.

« Dans ce dialogue, les fidèles ne se contentent pas de parler à Dieu, mais apprennent aussi à l’écouter, en trouvant des réponses et des orientations à la lumière de sa présence silencieuse. La prière devient ainsi le pont entre le ciel et la terre, un lieu de rencontre où le cœur de l’homme et le cœur de Dieu s’entremêlent dans un dialogue d’amour incessant. »

Elsa : Quand je prie, personne ne répond. C’est vrai, mon Dieu est silence. Je n’entends pas de voix. Les réponses me viennent d’une partie de moi que j’appelle Dieu. Et aussi de la vie. Parfois, on croit avoir été exaucé, ou ne pas l’avoir été – les réponses peuvent être éphémères et se transformer. 

« Par la prière, la Parole de Dieu vient habiter en nous et nous y habitons. La Parole inspire les bonnes intentions et soutient l’action ; cela nous donne de la force, cela nous donne de la sérénité, et même lorsque cela nous met en crise, cela nous donne la paix. »

Elsa : La Parole est présente dans le chapelet, les dizaines de Je vous salue Marie dédiées, selon les jours de la semaine, à l’enfance de Jésus, à sa Passion, à sa vie après la mort et aux miracles liés à des sacrements.

Prier en dormant, s’endormir en priant : la nuit, le cœur chargé de soucis, je prie pour m’en vider la tête et pouvoir dormir. C’est parfois la prière du doute. Je doute au début, je me convertis en priant.

Les intentions : on ne prie pas égoïstement, mais pour le bien commun. J’essaie de prier avec le cœur plus qu’avec la tête. Je prends quelqu’un d’autre dans ma prière. En général je ne le lui dis pas. Beaucoup sont athées.

Quand je ne m’endors pas, je doute à la fin parfois. Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonnée !?

Alors je me dis souvent : Je ne ferai rien de tout cela (mes tâches et obligations), je laisse tomber, j’abandonne (je m’abandonne), je meurs.

Merci mon Dieu de me donner mon comprimé de cette nuit !

Et le lendemain, je me lève et je fais tout cela, je ne laisse pas tomber, je n’abandonne pas. Pas encore.

Après viennent la louange, la contemplation et la gratitude. La mienne est silencieuse, est-ce que j’aime vraiment dire merci, et qu’on me dise merci ? Quand tout va bien, je sens la grandeur de ce qui vit et meurt, la beauté du monde, la bonté d’un sourire. Quand tout va mal… je prie encore.)

Peut-on trop prier ? Au point de se dérober à l’action charitable ? Sans doute. Jésus a critiqué les moulins à prière. Mais quand le quotidien est trop lourd, la misère ambiante trop cruelle, il faut prier, et beaucoup. Mère Térésa avait ajouté un temps de prière à la journée de ses auxiliaires quand celles-ci voulaient s’épuiser à l’immensité de la tâche.

Demander pardon

« Ce n’est que par une humble prière que l’on peut obtenir la miséricorde. Il faut un cœur pur pour que la prière soit vitale et pour montrer à Dieu ce dont nous avons besoin. … Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons faire l’expérience de la compassion de Dieu. »

« La prière n’est pas une baguette magique ! Ce n’est pas une formule rigide qui, si elle est répétée correctement, donne, comme dans un commerce, le produit demandé. »

« Dans la prière, c’est Dieu qui doit nous convertir, ce n’est pas nous qui devons convertir Dieu, ce qui est offert doit être notre vie même, voire notre misère ! »

« La supplication devient donc un moment de communion intime avec Dieu, où notre vulnérabilité rencontre sa miséricorde et son amour infinis. »

Elsa : A genoux ! Oui, nous sommes coupables, ou « responsables », comme on dit aujourd’hui. Nous avons des factures impayées ! Coupables de quoi ? De nous être trompés ? De nos fautes d’orthographe ? D’avoir tout voulu trop ? De l’orgueil occidental ? De la rage des opprimés d’hier et d’aujourd’hui? Les péchés sont comme dans une salle obscure où l’œil doit s’accommoder. Ils sont dans nos gènes, mais on ne les voit pas au début.

Le prêtre qui abusait un de mes anciens amis quand il était enfant lui demandait de prier ensuite avec lui pour demander pardon. Contrainte suprême !

On prie pour les chômeurs, les malades, les défunts, les prisonniers, on prie pour la paix. Devrions-nous prier davantage aussi pour ceux qui nous persécutent ? Pour les addicts, les meurtriers ? Pour les violeurs en même temps que pour leurs victimes ? Priez pour nous pauvres pécheurs ! et tout est dit. Dostoïevski a parlé de la prière pour ceux qui n’ont personne qui prie pour eux : « C’est une bonne prière. »

Prière en famille : « aux repas, au coucher ; ne jamais terminer la journée sans faire la paix ; chanter, faire de la musique pour accompagner la prière ; raconter la vie du saint du jour. »

Elsa : Je n’ai pas connu tout cela, mais un simple « bonne nuit », la guitare de mon père, les livres que nous lisait ma mère. Les dimanches soirs étaient un peu tristes.

Jeunes : « Un chemin de prière avec les jeunes ne peut manquer d’inclure des doutes et des questions sur les affections et les relations, les peurs et les désirs. C’est précisément le silence et l’intimité de la prière qui peuvent constituer ensemble l’espace dans lequel raconter au Seigneur l’enchevêtrement de son cœur et recevoir de Lui des paroles de vie. »

Elsa : « O.K. Boomer ; cause toujours, tu m’intéresses. » Ils ne sont pas tous comme ça, mais heureusement qu’on a nos souvenirs et nos rêves, nous les rescapés du baby-boom.

Depuis des mois, le groupe du chapelet de Troinex prie aussi chaque fois pour les vocations.

Et encore cet extrait du site internet Aleteia

« Il suffit simplement de joindre les mains et d’ouvrir son cœur à Dieu pour se trouver en compagnie de saints anonymes et de saints reconnus qui prient avec nous. »

Elsa : Est-ce que je prie pour être sainte, pour être béatifiée ? Les saints anonymes sont sans doute les meilleurs, « car c’est à Toi qu’appartiennent, le règne, la puissance et la gloire », mais les saints qui ont une histoire nous parlent de Toi et de Ta gloire à travers le temps et l’espace.

Prions, nous  dit le pape, pour préparer l’année du Jubilé 2025.

Seigneur, augmente en nous la foi, l’espérance et la charité. Peut-être en faudra-t-il beaucoup pour jubiler alors.

* Ici le credo version Symbole des apôtres. De nombreux autres Credo ont été composés au fil des siècles pour résumer ce en quoi les chrétiens croient.  Il y en a des courts qui n'évoquent pas la résurrection de la chair, tel celui que nous a proposé Xavier Lingg, prêtre de 90 ans, lors de la messe du 17 mars à Compesières) ou des très longs, tel le Credo qu'a écrit le pape Paul VI.  

Image: Les Pèlerins d''Emmaüs d'Arcabas. Oeuvre présentée à la Maison de Lorette, Lyon 5e.

Passion. A propos de la Passion, voyez cette vidéo du très catholique mais peu orthodoxe site Prixm.  Prixm se donne pour but de diffuser la Bonne Nouvelle de manière originale et décapante. Prixm est avec Ritrit (un annuaire de retraites spirituelles) sont deux marques d'une start-up associative. Elle allie des jeunes entrepreneurs et des institutions d’excellences : le Collège des Bernardins, la Fondation des Bernardins, le diocèse de Paris qui investissent dans ce projet porté initialement par l’École Biblique de Jérusalem.