« Au nom de Dieu tout puissant. Amen. C’est accomplir une action honorable et profitable au bien public… » La voix d’Anne Antille, présidente du Conseil municipal de Bardonnex, peine à couvrir le chahut des enfants impatients d’embraser le tas de bois.
Qui est ce Dieu tout puissant qui a présidé au début du mois d’août 1291 au Pacte d'assistance mutuelle des trois vallées à l’origine de la Confédération suisse et dont on commémore chaque année, depuis 1891, l’acte fondateur?
« Vive Bardonnex, vive la République et Canton de Genève, vive la Suisse! » Les deux oratrices de ce 1er août 2024, fêté le 31 juillet à Bardonnex, ont pareillement conclu leur discours sans évoquer le bon Dieu. Chacune, la maire de la commune, Béatrice Guex-Crosier, comme la ministre de la Police et de la Gestion des données, Carole-Anne Kast, se sont dites fières d’être de Bardonnex, fières d’être de Genève. Pas un mot sur le vaste monde.
Sous la tente, le cantique suisse, entonné par le président de la chorale paroissiale de Compesières, Michel Gaud, a résonné plus fort que d’habitude. Un effet du confinement sans doute. Et de temps politiques incertains et d’une météo à l’orage.
Et Dieu dans tout ça? Un chef d’œuvre en péril? Une invocation anachronique? Une action silencieuse, humble, à la mesure de ses enfants? À Paris, lors de la cérémonie d’ouverture des JO, ceux qui ont vu une parodie de la Sainte Cène et ont crié au blasphème ont-ils oublié que, juste avant de se mettre à table, Jésus a lavé les pieds de ses disciples.
1er Août, c'est aussi la fête de Saint Alphonse-Marie de Liguori. Un inconnu. Pourtant ce Napolitain, brillant avocat, fonda la congrégation des Rédemptoristes, sous le patronage d'un saint bien connu qui fut évêque de Genève, François de Sales. Toute sa vie, Alphonse se battra contre le rigorisme et fera triompher dans l'Église une pastorale de miséricorde et de liberté. Un saint très contemporain donc.
1er Août, c'est encore la fête de Saint Pierre Favre, le premier prêtre de la Compagnie de Jésus et ami d'Ignace de Loyola son fondateur, fêté le 31 juillet. Pierre Favre est né le 13 avril 1506 à deux pas de chez nous, à Saint-Jean-de Sixt, entre le Grand-Bornand et La Clusaz.
Un autre jésuite local - quoique les religieux soient des nomades impénitents - Pierre Emonet a écrit une biographie de cet infatigable évangélisateur de l'Europe au temps de la Réforme : "Né pour ne jamais s’arrêter" (Coll. Petite Bibliothèque Jésuite, Lessius (Éditions jésuites), 2017 • 216 p). L'ancien directeur de la Revue Choisir, habite à Carouge et célèbre la messe à Plan-les-Ouates, à Carouge, à Lancy et publie une fois par semaine une réflexion qui vaut la peine d'être lue.
Commentaires
Merci Jean-François de nous laisser cette question : "Et Dieu dans tout ça? de quel Dieu s'agit-il? Un Dieu tout puissant? Pour protéger la Suisse? Le Pacte fondateur dit en réalité: In nomine Domini, ce que veut dire: Au nom du Seigneur! Pas question de Dieu tout-puissant! Alors, à quel moment de l'Histoire du pays est apparue cette traduction erronée?
Merci aussi de rappeler la précieuse réflexion de Pierre Emonet chaque semaine sur le texte du dimanche!