Alors, c'était comment ce "seder christianisé"? A part le fameux "Ceci est mon corps, ceci est mon sang" et le lavement des pieds, comment s'est donc passé le dernier repas que Jésus a pris avec ses disciples? Qu'ont-ils mangé?
Les Evangiles n'en disent rien. On sait seulement que c'était le repas de la Pâque, la fête de la sortie d'Egypte du peuple hébreu, sa libération de l'esclavage sous la conduite de Moise, sa quête erratique de la Terre promise.
Samedi 19 avril, la messe de la résurrection a lieu à Troinex à 21h des paroisses de Veyrier, Troinex et Compesières et demain, dimanche de Pâques, 20 avril à Veyrier à 10h. Cliquez sur le lien pour voir tous les horaires de l'UP.
Le mot seder veut dire ordre en hébreu. Ce mot désigne aujourd'hui le repas de la Pâque qui a été beaucoup ritualisé et allongé au fil des siècles. Ce mot m'était également inconnu jusqu'à cette initiative de la Pastorale des familles de rassembler des familles, ce 17 avril à la salle Saint Sylvestre de Compesières ?
Lire: Notre évêque et le seder de Pâque
Alors, c'était comment?
C'était bon et bien servi!
La table est joliment dressées et fleurie. Il y a de la place pour septante convives, des enfants des paroisses du Salève, dont quelques-uns qui vont faire leur première communion les 10 et 11 mai prochain à Troinex et leurs parents.
Le menu est décrit dans le livre de l'Exode (Ex 12, 1-8.11-14): herbes amères, agneau grillé, pain sans levain. Le tout avalé à la hâte, "la ceinture au rein, les sandales aux pieds, le bâton à la main"... Bref une vieille tradition fondatrice de l'histoire du peuple de Dieu. Autant sinon plus que la dinde et le gratin de cardon chez nous à Noël.
Pour en savoir plus: Qu'est-ce qu'un seder?
Aucune hâte, aucune urgence ce jeudi soir. Aucune quête de Terre promise? Nous, gens du troisième millénaire, ne devons nous pas nous libérer de quelques esclavages aussi? Sans doute, mais à pas feutrés, à travers les chants de louange, les textes des Ecritures, les prières.
Spartiate le persil (karpas en hébreu, l'herbe amère) trempé dans un bol d'eau salée, les tronçons de céleri branche, le petit pot de raifort (l'amertume de l’esclavage en Egypte).
Frugales les crackers (Matsa, pain sans levain) que l'on partage.
Revigorants le hachis de pomme, de poire, de figue, de noix (qui rappelle le mortier des travaux forcés) et le vin que l'on bénit.
Excellent, l'agneau rôti et son riz généreusement servis.
Doux le dessert, une compote de pomme et un fromage blanc surmonté d'une meringue.
Subtil rappel de l'oeuf cette meringue, également présent dans le plat du seder. Le mot araméen pour « œuf » est bé’a, explique le site chabad.org. Il s’apparente au mot araméen désignant le « désir », exprimant ainsi que c’était la nuit où Dieu a désiré nous délivrer.
Le repas est ponctué de chants, de prières, de louages au libérateur. La théologienne Anne-Claire Rivollet, responsable de la Pastorale des familles (photo avec la guitare), et Marie Montavont (en train d'allumer le chandelier à sept branches, la Menorah) rythment la soirée. Ce seder a vocation de montrer les liens entre le repas de la sortie d'Egypte et l'Eucharistie, entre l'ancienne et la nouvelle alliance, entre l'ancien et le nouveau Testament, entre les agneaux sacrifiés et Jésus l'agneau pascal. Exercice réussi?
Quelques paroissiens du Salève en doutent un peu. Ils sont assis en bout de table, un peu trop loin pour bien entendre une sono un peu faible (à moins que ce ne soit leurs oreilles encombrées) et des projections trop peu lisibles (à moins que ce ne soit leurs yeux embués)
Deux générations juxtaposées qui ont peu communiqué l'une avec l'autre. Deux générations - pour simplifier au risque de caricaturer - celle qui a mis l'accent sa vie durant sur le Christ et celle, qu'on dit plus charismatique, qui met l'accent sur l'Esprit de Dieu. Trinité quand tu nous tiens... tu permets mille expressions, mille variations du mystère divin.
Ces deux mondes ont heureusement rempli l'église de Compesières à 20h30 pour la messe du Jeudi Saint, la célébration de l'Eucharistie, le "seder entièrement catholique" commémorant le don d'une folle nourriture: la chair et le sang du Christ et revivifie la vieille alliance, toute aussi folle:
"Aime ton prochain comme toi-même". "Et même tes ennemis", ajoute le Christ.
Combien de seder Jésus a-t-il vécu? Aucun sans doute dans sa version actuelle. Le seder désigne l'ordre du repas très ritualisé rappelant l'Exode, quand le sang de l'agneau, appliqué sur les portes des maisons des Israélites, les protégea de la dernière plaie d'Egypte: un cérémonial élaboré par les rabbins après la destruction du temps de Jérusalem par les Romains et la dispersion des Juifs hors de Palestine, que Jésus n'a donc pas connu.
Le but du seder est de commémorer la sortie d'Egypte et de transmettre l'histoire du peuple juif aux enfants. Leur participation et leurs questions au cours de ce repas sont essentiels.
Combien de familles, de grands parents transmettent aujourd'hui leur foi aux nouvelles générations?
Ces repas était bon et beau. Merci à celles et ceux qui l'ont préparé.
Qui reprendra le flambeau pour le Jeudi Saint de l'an prochain?
Commentaires
Merci pour cette description. J'ai aussi bien aimé l'énumération progressive des dons de Dieu: libération de l'esclavage, partage de la mer, Manne, retour au pays... continuée avec le don du Christ, amour passionné de Dieu... et à chaque nouvelle mention l'assemblée qui répondait: "Cela nous aurait suffi."
Merci pour ce compte rendu du seder.
J'ai bien aimé le geste du service : nous nous sommes lavé les mains autres avec nos voisins de table dans de grands bols d'eau. Il était très intéressant de vivre les deux moments : le seder puis la messe du Jeudi saint. merci aux équipes qui pris en charge ces deux célébrations.