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Le Concile, Mai 68: Xavier libéré (3/5)

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"Le Concile Vatican II et Mai 68 ont été deux événements cruciaux dans ma vie, raconte Xavier Lingg lors d'un entretien qu'il nous a accordé lundi 4 mars. Les cravates sont tombées et le col romain avec. Ces événements sont arrivés à point nommé pour me sortir d’une formation assez étroite, le latin, le grégorien, le droit canon... "

Les années 1960 , durant lesquelles l'abbé Lingg est affecté à quatre paroisses à Genève, c'est aussi la pilule, la minijupe, l'homme sur la lune, le Printemps de Prague, le Festival de Woodstock , le "Hasard et la nécessité" de Jacques Monod ... Et au début des années 1970, le fameux rapport "Les limites de la croissance"...

1960 à 70: Vicariat dans quatre paroisses

L’évêque m’a envoyé à Yverdon deux ans, où je me suis évidemment occupé des jeunes et des scouts et ralliais les deux lieux de culte de la paroisse de Baulmes et d’Yvonand à vespa. 

Puis je suis revenu à Genève. A Ste Jeanne de Chantal à Genève. On était encore dans l’ancienne église. Une brève période de 2 ans. A peine le temps de s’installer, pas assez pour nouer de solides amitiés. C’était le temps du Concile… 

  • Et de “Salut les copains”...? 

J’étais bien trop occupé dans mes tâches pour ces copains-là. Mais j’avais un enregistreur et on enregistrait des chansons avec les jeunes de la paroisse. Je me souviens plus de Brassens que de Johnny.

À Lucerne, je jouais de l’accordéon diatonique. J’ai même fait partie d’un club. Mon père était assez fier de moi et m’a poussé dans cette voie. On a donné quelques concerts. 

A Saint-Louis, j’étais seul à jouer de cet instrument,  le groupe manquait. J’ai abandonné l’accordéon pour le piano et l’orgue. Je jouais l’ordinaire de la messe mais étais un bien piètre accompagnateur d’une chorale.

Après Yverdon et Sainte-Jeanne-de Chantal, on m’a affecté à Saint François, la paroisse où j’avais célébré ma première messe. J’y suis resté trois ans, de 1964 à 1967. J’ai repris la colonie de Bogève, cette fois comme directeur, deux séries de trois semaines chaque été. Je n’avais pas beaucoup de temps pour moi. Je ne suis que rarement parti en vacances 

Les affectations de prêtres sont parfois un peu compliquées. Je suis arrivé à St François car le curé Donnier s’était fait enlever coup sur coup les vicaires Saillet et Fragnière. Trois ans plus tard, l’abbé Donnier est arrivé à la retraite. Son remplaçant a voulu reprendre la paroisse avec une équipe neuve. J’étais donc à nouveau sur le marché de l’emploi… 

C’est ainsi que j’ai traversé l’Arve et suis arrivé à Carouge. Carouge pendant les événements de 68 avec le curé Léon Rouyet

Le Concile Vatican II et Mai 68 ont été deux événements cruciaux dans ma vie. Les cravates sont tombées et le col romain avec. Ces événements sont arrivés à point nommé pour me sortir d’une formation assez étroite, le latin, le grégorien, le droit canon... 

Le Concile nous a libérés. Mai 68 et son slogan “il est interdit d’interdire” ont fait évoluer ma vision de la société et de l'Église, dont j’étais un bon petit soldat voire un bon serre-file. Me suis-je rebellé? Un peu aussi en raison de ces dix ans de vicariat durant lesquels j’avais été balloté d'une paroisse à l’autre, manquant de temps pour pouvoir faire souche ou nouer des amitiés durables. A 36 ans, il était temps que mon nomadisme paroissial prenne fin

1970 à  1981 Veyrier. Le temps des grandes virées

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Je dois à Jean-Paul de Sury (abbé à Compesières de 1993 à 1996), que je connaissais bien, ma nomination à la cure de Veyrier en 1970. Je m’y suis lancé corps et âme.  Au pied du Salève, j’ai forgé de profondes amitiés, qui durent encore.

J’ai beaucoup travaillé avec les parents et les adultes. Pour la première communion, je préparais des documents de mois en mois et je réunissais les parents, puis les enfants pour des temps forts. Ça m’a permis d’avoir beaucoup de contacts. 

L’été, j’emmenais en voyage d’une semaine 8 ou 9 gamins dans mon bus VW; que des garçons la première année. Nous dormions sous tente. Le dimanche, de retour à Veyrier, je disais la messe et le lundi je repartais avec un autre groupe. Les filles ont réclamé d’en être. 

Des dames ont accepté de m’accompagner. On était deux adultes et 9 gamins dans le bus VW: Camargue, Italie, château de la Loire, Bretagne, Venise. Parmi ces dames, Mmes Denise Brantschen et Anne-Marie Deforel qui ont été pour moi des aides utiles et des collaboratrices précieuses dans mon ministère... et qui ont continué avec mes successeurs. Sur la plage, je me faisais appeler tonton. Des Veyrites m’appellent encore tonton à l’occasion. Je suis parti aussi camper avec quatre ou cinq familles dans un cadre plus privé: Rome, la Grèce. Salut les copains!

L’Europe traversait ce qu’on a appelé les Trente Glorieuse, l’emploi pour tous ou presque, la consommation, le confort, les voyages, une étape heureuse du 20e siècle si meurtrier par ailleurs. Mai 68 avait mis l’esprit communautaire au goût du jour. Le catholicisme social et les penseurs d’alors creusaient l’idéal d’une troisième voie entre le capitalisme et le communisme, une troisième voie, où la participation des travailleurs, les coopératives, les communautés joueraient les premiers rôles. Avec l’aide de quelques laïcs, nous avons lancé le Conseil de communauté à Veyrier.

Prochain épisode (4/5)  "Xavier au Lignon, à Notre-Dame, à Compesières"



Commentaires

  • Merci M. Mabut!!! Merci beaucoup ! pour ce beau témoignage!!!
    Excellent!

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