Xavier Lingg soufflera 90 bougies le 19 mars prochain. Les paroisses de Compesières, Troinex et Veyrier organisent un apéritif festif ce dimanche 17 mars après la messe de 10h que l'abbé, toujours pas à la retraite, concélébrera avec Jean-Jacques Lacreuze.
Nous poursuivons le récit de sa vie, de son arrivée à Genève à l'âge de 12 ans à son ordination le 3 juillet 1960.
L'après-guerre bout de toutes les promesses d'un monde nouveau, tandis que le rideau de fer coupe l'Europe et le monde en deux, que les luttes de la décolonisation font rage. Les prêtres ouvriers secouent la vieille Eglise catholique et le rock'n' roll libère les corps.
1946 à 55: arrivée à Genève à 12 ans et études
Je dois à l’abbé Vermot, alors vicaire à Saint-Joseph, futur curé de Plan-les-Ouates, d’avoir poursuivi ma formation à Saint-Louis. J’en suis sorti à 19 ans ayant fait le petit séminaire notamment avec l’abbé Barbey. Je passais alors tous mes étés à la colonie de vacances de St François à Bogève où j’ai lié beaucoup d’amitiés qui durent encore.
Après j’ai fait ma matu deux ans à St Michel à Fribourg (on avait le choix entre Fribourg, Engelberg, Einsiedeln ou Saint Maurice) qui offrait les cours de philosophie. Et mon école de recrue à Bière comme téléphoniste dans l’artillerie.
La rentrée à Saint-Michel était alors fixée au 29 septembre, jour de la fête patronale du collège. J’occupais le reste de l’été à me faire un peu d’argent de poche. J’ai lavé des centaines de boilles à lait aux Laiteries réunies, transporté des milliers de paquets à la Poste. Une année j’ai mis une annonce dans La Suisse. Deux vieilles filles m’ont embauché pour être domestique dans un château près de Seyssel. J’ai passé six semaines à leur service. L’une était exigeante, jamais contente. Et pourquoi travaillez-vous, m’ont-elle demandé? - Pour acheter un vélo. Ce fut son salaire: un vélo d’occasion. Je les ai revues une fois. J’étais devenu prêtre…
1955 à 1960: Séminaire à Fribourg et chant grégorien
En 1955, j’entre au séminaire pour 5 ans à Fribourg. Une cinquantaine de séminaristes vivant en vase clos. J’étais tout à fait intégré aux Romands. Nous étions neuf dans notre classe. Je me souviens d’Edmond et de Willy Gschwend, de Claude Stucki. A la même période, j’ai bien connu Paul Bouvier directeur de Caritas, parce que l’action sociale m’intéressait et qu’il était un pionnier de la radio pour les émissions religieuses.
J’ai entre autre été marqué par Pierre Carraz, dr honoris causa de l’institut pontifical de musique sacrée, qui était prof à St Louis de latin et de chant grégorien, le continuateur du grand musicien religieux Montillet.
J’aimais et j’aime toujours le chant grégorien. On vivait alors une véritable renaissance de cet art sacré. Carraz m’a introduit à l’abbaye de Solesmes où j’ai connu Dom Joseph Gajard, un bénédictin qui fut le restaurateur du grégorien en Europe. J’allais pendant mes vacances aux Semaines grégoriennes à Estavayer le lac.
Au terme de ces études vécues dans une Église préconciliaire sous le long épiscopat de François Charrière, j’ai reçu le sacrement de l’ordre le 3 juillet 1960 et j’ai célébré ma première messe le 10 juillet à Saint-François à Genève.
A suivre (3/5): "Le Concile, Mai 68, Xavier libéré"