C’est Xavier Lingg qui dira la messe ce samedi à 18h à Troinex et dimanche à 10h à Veyrier. Musicales obligent, Compesières renonce à la liturgie divine pour faire place à la musique, Beethoven à 20h samedi et l’Ensemble Alkymia dimanche à 17h.
Le programme signale que le concert du dimanche après-midi sera accompagné par un positif (un petit orgue) installé dans le choeur. Il ne dit pas si cet instrument sera celui qui restera à demeure, le temps de déconstruire et de reconstruire l’orgue de Compesières.
Dans son homélie (qu’on peut lire ci-après), Xavier Lingg ne commente pas ces grands travaux. Il dit seulement combien les mea culpa actuels de l’Eglise de François (lire l’article précédent) l’impressionnent et combien cette humble attitude, loin des honneurs et du bling bling, est proche de Jésus, Christ qui montre et trace le chemin du serviteur.
Homélie pour le 28ème dimanche B
Mes chères sœurs et mes frères,
(pour télécharger le texte de l’homélie cliquez ici)
Voici que se tient à Rome la deuxième session du Synode pour une Eglise ouverte à tous, dans un monde blessé. A la veille de l’ouverture de cette session, a eu lieu en la basilique St.-Pierre du Vatican une veillée pénitentielle à laquelle nous avons pu nous associer par la télévision. C’était une veillée émouvante, dans laquelle trois témoignages ont été exprimés par des personnes ayant souffert d’abus, de la guerre, et de l’indifférence face aux drames engendrés par les migrations. Suite à ces témoignages, j’ai été ému par l’humilité de ces cardinaux qui sont montés au micro pour confesser humblement les péchés qui entachent la vie de l’Eglise : « Je demande pardon et j’ai honte » disaient-ils, honte des péchés contre la paix, des péchés contre la Création, contre les peuples indigènes, contre les migrants, contre les femmes, pardon pour les péchés d’abus, pas seulement d’abus sexuels, mais abus de pouvoir, d’autoritarisme, de cléricalisme.
En entendant ces confessions, j’ai compris comme viscéralement ce que l’auteur de l’épitre aux Hébreux nous a dit dans la 2ème lecture de ce dimanche : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ! Elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit ! Elle juge des intentions et des pensées du cœur ! Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est à nu devant elle. Soumis à son regard, nous aurons à lui rendre des comptes ».
Puis le pape a pris la parole dans un vibrant appel à l’humilité, dénonçant la « course aux honneurs, aux prérogatives ». Un ministère dans l’Eglise n’est pas un privilège, mais un service à l’exemple du Christ qui n’est pas venu pour être servi, mais pour servir jusqu’à donner sa vie. Et il a cité la parabole du pharisien et du publicain. Dans sa prière, le pharisien se glorifie lui-même, au lieu de louer le Seigneur. Il se situe au-dessus des autres hommes, s’estime meilleur qu’eux. Alors que l’humble pécheur n’ose même pas lever les yeux vers le ciel. Et c’est celui-là est justifié.
Il aurait aussi pu prendre l’exemple de cet homme riche, empêtré dans ses richesses qui vient demander comme une assurance sur la vie éternelle qu’il considère comme un héritage. C’est un peu comme s’il demandait : « Que dois-je faire pour que Dieu me soit redevable parce que j’ai observé tous les commandements depuis ma jeunesse ».
Or, plutôt que de lui proposer d’accumuler des mérites, (ce qui correspondrait encore à une mentalité de riche) Jésus lui demande de se désencombrer, se débarrasser de ses ambitions pour non seulement le suivre, mais l’imiter, lui, le Christ, engagé sur le chemin du Serviteur. Lui qui, de riche qu’il était, a renoncé à sa condition divine, lui qui s’est dépouillé, anéanti, comme vidé de sa substance divine en prenant notre condition humaine. Et une fois devenu homme, il s’est encore abaissé davantage, devenant comme un esclave qu’on vend pour quelques pièces d’argent, qu’on livre a la mort. et qui donne sa vie en rançon. Alors, mes chères sœurs et mes frères, être disciple d’un tel Maître, ce n’est pas compatible avec les honneurs et les privilèges.
Et pourtant, Jésus ne juge pas. Il ne condamne pas cet homme qui n’a pas le courage d’aller jusqu’au bout. Au contraire, Jésus posa sur lui son regard et il l’aima. C’est un regard qui accueille l’homme tel qu’il est… et il lui fait connaître ce qui lui manque. Pauvre riche qui découvre tout à coup qu’il est en état de « manque » ! Cette fois, la parole l’a touché « aux jointures et jusqu’aux moelles ». Il est mis à nu devant elle, dominé par son regard. Il craque !... et s’en va tout triste.
Puis vient un deuxième regard de Jésus. Il le promène tout autour de lui sur la foule qui l’entoure, sur les témoins de la scène qui sont peut-être prêts à juger cet homme qui s’éloigne dépité. Ce regard circulaire ne traverse-t-il pas l’espace et les siècles ? Quel regard, Jésus jetterait-il sur notre monde d’aujourd’hui ? Son regard nous dit que les richesses ne sont pas neutres ! Elles offrent la possibilité d’une ouverture, d’une générosité, d’un partage avec les autres. Elles peuvent aussi devenir une idole, une idole qui enferme l’homme sur lui-même, loin de Dieu et loin des autres.
Son troisième regard, Jésus le pose ensuite sur ses disciples. Eux aussi sont encore pris dans ce marchandage : « Nous avons tout quitté »... et ils sentent que ce serait indécent de finir la phrase qui leur brûle les lèvres : « qu’est-ce que nous aurons en retour ? » Et Jésus leur dit « cessez de calculer ainsi : bien sûr, déjà sur la terre votre rayonnement dépassera infiniment ce qu’il serait si vous restiez tranquillement dans votre maison et votre cadre familial... » Vous aurez tout cela et même les persécutions ne vous manqueront pas ! Mais votre trésor, il est là-Haut ! dans le ciel : Votre trésor, c’est l’intimité avec Dieu... votre trésor, c’est de pouvoir cheminer librement, sans entrave, désencombrés, à la suite de Jésus sur le chemin du service... votre trésor, c’est de vous savoir aimés de Dieu... votre trésor, c’est de sentir son regard d’amour se poser sur vous. Et devant un tel trésor, tous les autres ne comptent plus !
Alors, mes chères sœurs et mes frères, là s’ouvre pour nous une merveilleuse espérance. Rien n’est jamais perdu. Nous avons commencé notre réflexion en évoquant le Synode qui se tient actuellement à Rome. Portons cette assemblée dans notre prière, afin qu’elle ouvre pour l’Eglise des horizons nouveaux. Et l’année prochaine, 2025, sera une année jubilaire, une « année sainte » placée sous le signe de l’Espérance, espérance d’un renouveau pour toute l’Eglise, espérance aussi pour toute l’humanité qu’un nouvel ordre mondial soit possible. Prions, mes chers amis, prions que cette espérance ne déçoive pas !
Xavier Lingg