Qu'y a-t-il de commun entre la Lettre pastorale de notre évêque, lue dimanche dernier 23 mars, et le seder de Pâque, qui aura lieu à Compesières le 17 avril, avant la messe du Jeudi Saint?
Rien, sauf que Charles Morerod sera ce même jour à Sainte-Claire aux Acacias, faute de pouvoir dire la messe à l'église Sainte Croix à Carouge, toujours en rénovation.
Rien, sauf que Charles Morerod dans sa lettre se désole du peu d'instruction des catholiques, qui ne savent sans doute pas ce qu'est un seder; une méconnaissance parmi d'autres qui les prive, estime-t-il, des moyens d'affirmer leur foi, sinon avec force et assurance au moins avec espérance, thème de l'Année sainte 2025.
Pas de messe à Compesières ce dimanche 30 mars, mais l'invitation toujours dans cette lettre pastorale de notre évêque à nous déplacer là où des "communautés vibrantes entretiennent l'envie d'aller et de retourner à la messe" (cliquez pour voir les horaires). Les prochaines messes dans notre paroisse auront lieu le 13 avril, jour des Rameaux, et le 17 avril, jour du repas de la Pâque juive, le dernier seder de Jésus.
"Incompréhensible", dit Charles Morerod dans sa lettre. Nous, les catholiques, sommes incompréhensibles pour les gens qui nous entourent. Nous, les simples croyants, parce que nous ne savons plus comme dire notre espérance, nous ne savons plus comment transmettre notre foi; nous, les clercs, parce qu'ils répètent la liturgie sans grands efforts de la rendre accessible au monde présent.
Le seder organisé le 17 avril à Compesières par la Pastorale des familles de Genève s'inscrit justement dans un projet pédagogique.
Il s'agit d'un repas, le dernier repas de Jésus, ce repas où il fait de son corps et de son sang une nourriture, une nourriture extraordinaire qui nous relie à son père, une nourriture vibrante qui donne à celles et ceux qui la goûtent non pas la vie - les aliments terrestres suffisent à l'entretenir -, mais une vie altruiste, une vie d'amour et de justice, une vie plus forte que la mort. Faire corps avec Jésus, c'est une libération, une espérance qu'on ne peut garder pour soi, qu'on ne peut que partager.
Le repas de seder que Jésus a partagé avec ses disciples - dont un tableau des derniers Jeux olympiques de Paris a pu faire croire à une caricature de ce qui est devenu dans notre culture la Sainte Cène -, ce dernier repas ne vient pas de nulle part.
Il est aussi ce repas pris à la hâte, la ceinture au ventre, les sandales aux pieds, par le peuple de Moïse, les esclaves de Pharaon marquant la nuit de leur sortie d'Egypte, la nuit de la libération, la première nuit de la quête d'une Terre promise. Une longue marche, toujours en cours.
Qu'ont donc mangé les Hébreux ce soir-là? Des herbes amères, des pains sans levain, de l'agneau grillé. C'est le repas de seder. C'est un repas au cours duquel on se souvient du temps de la captivité, du jour de la libération, du Dieu d'Abraham, père des croyants juifs, chrétiens, musulmans. On se souvient aussi des mots qui divisent, des mots qui relient. C'est le moment de la transmission d'une génération à l'autre. La longue marche est une course où l'on se passe un témoin.
Evidemment chaque siècle, chaque peuple a ajouté son grain de sel dans cette histoire, sa couleur, sa petite touche qui à l'occasion peut devenir un facteur de division:
- Quoi, mon voisin, mon parent ne fait pas comme moi! C'est donc un impie, qu'on le chasse, qu'on l'extermine!
Le seder de Compesières sera donc assaisonné à la sauce catholique. Forcément. Il fera mémoire que Dieu est né et mort au sein du peuple d'Israël, toujours si controversé, si énigmatique. (Israël est le deuxième nom de Jacob. Dieu aurait-il pu naître chinois, cubain ou helvètes?)
Le seder de Compesières s'adresse en premier lieu aux enfants qui feront cette année leur première communion et à leur parents. Il y a déjà 70 inscrits. L'organisation cherche encore quelques bénévoles. Manifestez-vous!
Le seder de Compesières n'innove pas. L'abbé Xavier Lingg qui fut le dernier prêtre résident à Compesières et est le fidèle serviteur de la catéchèse des enfants des paroisses du Salève proposait déjà des seders quand il était à Notre Dame de Genève. Voici le livret de la préparation à la première communion de 2002 pour en savoir plus sur cette tradition.
Messe du Jeudi Saint à 20h30
A 20h30, le 17 avril, nous accueillerons les convives de ce repas. Toute la communauté célébrera la messe du Jeudi Saint. C'est aussi un repas, où nous ferons corps ensemble et avec le Christ, assez forts pour nous dépouiller de nos peurs et des entraves qui nous tiennent en esclavage.
D'autres infos: Upca.ch, églisecatholique-ge.ch, Cath.ch, diocèse-lgf.ch, vatican.news. Centre catholique romand de formation en Eglise.
Et autour de nous: UP Rives-de-l'Aire, UP La Seymaz, Diocèse d'Annecy, diocèse de Belley-Ars, Paroisse de Saint-Julien-en-Genevois.
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La pastorale des familles de Genève