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Prier pour Poutine

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10A7F4AB-78C9-45A0-B992-28C66A5D1FF9.jpegLe 23 février dernier, avant même l’attaque de Poutine contre l’Ukraine, le pape François a souhaité que ce mercredi 2 mars, soit une « journée de prière et de jeûne » pour la paix en Ukraine.

« Prier pour la paix, à quoi bon? » Cette question est le titre d’un article publié ce matin dans le quotidien La Croix.

Dans ce même journal, on lira trois témoignages édifiants de personnes pauvres. Et un autre article sur la proximité de l’Eglise orthodoxe et de l’Etat. Et ce dimanche 27 février, il était question de la paille qu’on voit dans l’œil de l’autre et de la poutre qui obstrue nos yeux… 

Pour celles et ceux que les enjeux stratégiques de la guerre en cours inquiètent ou passionnent,  je recommande la lecture de cet entretien de Thomas Gomart au journal Le Monde intitulé: «La Russie est passée d’une logique de guerre limitée à une logique de guerre totale ». 

 

Prier pour la paix, à quoi bon ?

Mélinée Le Priol, in La Croix du 2 mars 2022
Face à la guerre en Ukraine, le pape François a invité à une journée de prière et de jeûne ce mercredi 2 mars, jour des Cendres. Mais dans quel but ? La prière peut-elle vraiment faire taire les armes ?

Il y a cet « essai maladroit de prière pour le peuple ukrainien agressé », signé du père Christian Delorme, acteur historique du dialogue islamo-chrétien, et communiqué par courriel à ses connaissances ces derniers jours. Ou cette réécriture contemporaine du psaume 55, intitulée « Chercher la paix » et postée lundi sur son blog par un cadre d’entreprise à la retraite en Ardèche, Michel de Truchis. Croyants anonymes et responsables religieux internationaux font monter depuis une semaine une prière de désarroi : celle de ceux qui ne savent que faire d’autre pour voir la paix revenir en Ukraine. Nulle arme n’avait encore fendu le ciel de Kiev quand le pape François a annoncé, dès le 23 février, l’organisation d’une « journée de prière et de jeûne » pour la paix en Ukraine mercredi 2 mars. Le jour des Cendres, marquant le début du Carême, sera ainsi l’occasion pour ceux qui répondront à son appel d’être « proches des souffrances du peuple ukrainien », de « se sentir tous frères » et de « demander à Dieu la fin de la guerre ».

Mais à quoi bon adresser à Dieu une telle supplique ? Lui-même ne désire-t-il pas déjà la paix ? « Si, bien sûr, mais la paix est avant tout le problème des humains, car nombreux sont ceux qui ne la souhaitent pas, réplique le père Pierre de Martin de Viviès, bibliste. Prier pour la paix, c’est entrer en dialogue avec Dieu, et partager son désir de la voir advenir. » Cela peut revenir à prier pour les victimes (« pour que la violence ne l’emporte pas sur leur paix intérieure », suggère ce bibliste), mais aussi pour les bourreaux (« pour qu’ils prennent conscience de la souffrance générée »).

Prier pour Vladimir Poutine ? Le pasteur Pierre Blanzat voit même là un « acte de résistance face à la déshumanisation » qu’engendre tout conflit armé. « Continuer de voir dans son adversaire un être humain (capable d’émotion, de réflexion et de changement), c’est refuser de se laisser entraîner dans l’aveuglement de la violence. C’est aussi pour cela que Jésus a prié pour ses bourreaux sur la croix », avance ce pasteur de l’Église protestante unie de France (EPUdF). Avec huit autres responsables religieux lyonnais, il a signé une déclaration commune sur l’Ukraine, le 25 février.

Voilà bien l’un des effets de cette prière pour la paix : amener des croyants de confessions voire de religions différentes à prier ensemble, de New York à Moscou en passant par Rome et Kharkiv. « Cela contribue à unir nos Églises », veut croire Michel Roy, secrétaire général de la commission Justice et Paix en France. Une référence aux divisions entre Églises catholique et orthodoxe, et même au sein de l’Église orthodoxe – en l’occurrence entre les patriarcats de Moscou et de Constantinople.

Car au-delà de « l’efficacité » de la prière – que l’on serait bien en peine d’évaluer à vue humaine –, reste à apprécier ses effets concrets. D’abord sur le priant lui-même, ou sur la communauté priante. Prier pour la paix devient ainsi un « chemin de conversion, non seulement personnel mais aussi collectif », selon les mots du pasteur Pierre Blanzat. « Ce sera un bon début si la prière aiguise en nous la soif de justice, la compassion et l’amour d’autrui, ajoute-t-il. Elle est aussi une source d’encouragement pour ceux qui sont en première ligne et dont la force ou l’espérance viennent à manquer. »

La prière peut bien sûr s’accompagner d’autres gestes, comme le jeûne ou diverses actions de charité. Rien ne sert en tout cas de la séparer de l’action, estime Catherine Billet, ancienne déléguée générale de Pax christi. « Pour un chrétien, l’action doit trouver sa source dans la prière. Sinon, il s’agira d’une erreur, même si l’intention est bonne. » Le mouvement dont elle est désormais simple adhérente, né en 1945 à l’initiative de chrétiens français et allemands, organise ces jours-ci différents groupes et chaînes de prière pour l’Ukraine, depuis les 50 pays où il est implanté.

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