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Le miroir et l’oiseau

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IMG_1379.jpegGenève a un nouveau collège gouvernemental. Il prête serment ce soir, 31 mai, en la cathédrale Saint-Pierre, temple réformé depuis 1535 et bâtiment public et laïque le temps de la cérémonie. Le seul livre ouvert sera la Bible et les quelques feuillets du discours gouvernemental.

Prierons-nous pour nos élu.e.s? Les bénirons-nous? Bénir, du latin benedicere, c’est dire du bien et vouloir du bien. Que la sagesse, la justice, la tempérance guident leurs décisions!

 

J’ai tapé « prier pour le gouvernement » dans Google et ai trouvé des références du monde reformé surtout, mais rien sur le site de l’Eglise protestante de Genève, qui évoque la grève des femmes du 14 juin. Rien non plus sur celui de l’Eglise catholique à Genève, qui annonce l’avant-première du film Magnificat sur les femmes dans l’Eglise. Nos églises seraient-elles mortes ou muettes ou muselées par les règles de la laïcité ou par la peur d’exacerber les dissensions en leur sein? Le site catholique Aleteia.org donne quelques réponses et cite le pape François (cité aussi par Bing le moteur de recherche de Microsoft, sur le coup plus intéressant). A noter que le site officiel de l’Etat www.ge.ch est presque muet sur les cérémonies du 31 mai et du 1er juin. Léman bleu retransmet la cérémonie dès 16h50. 

1er Juin

Le nouveau collège gouvernemental genevois (pas de président ni de premier ministre dans le génie des institutions politiques suisses) sera donc en place dès demain 1er Juin. Le déplacement de l’élection de nos autorités politiques cantonales de l’automne au printemps a permis cette coïncidence.

Le 1er juin est en effet la fête du canton. Le 1er juin 1814, des soldats suisses débarquent au Port-Noir (il n’y avait alors pas encore de continuité territoriale entre le nouveau canton de Vaud et la République de Genève). Ce débarquement festif marque une étape médiatique du rattachement plein et entier de Genève à la Suisse et la fin de la création géographique du pays, laquelle aura duré cinq siècles (Le traité sera effectivement signé le 19 mai 1815). C’est le versant helvétique heureux du Congrès de Vienne. Dans le même temps, l’ancien évêché de Bâle est annexé par Berne en compensation du Pays de Vaud, c’est le début de la question jurassienne.

La Suisse n’a plus changé ses frontières depuis deux siècles. Ce n’est pas le cas des nations européennes dont les frontières sont, à l’est surtout, toujours contestées, mais aussi en Ulster, en Catalogne, au Pays Basque, à Chypre... La Suisse, elle, est devenue et restée un petit État au cœur de l’Europe de l’ouest. Elle résiste toujours et encore non plus à Rome et à César comme dans les aventures d’Asterix, mais à Bruxelles, à l’Union européenne et à l’OTAN, même si, dans les faits, elle en dépend (on notera que les frontières n’arrêtent pas les idées, ni les réseaux sociaux, tous américains). Comme un petit trou noir, elle capte la richesse et les travailleurs alentour. On l’envie, on ne l’aime pas.

Genève, Rome protestante, berceau de la Croix-Rouge, est le plus international des cantons suisses, Genève et ses 518’000 habitants, dont 217’000 étrangers. Genève dont le budget annuel est deux fois plus grand que celui de la région Auvergne Rhône Alpes. Genève dont un travailleur sur trois habite hors du territoire cantonal.

Genève a pour la première fois de son histoire un gouvernement à majorité féminine, mais un parlement où la moitié de l’humanité est toujours largement minoritaire. 

Prierons-nous pour nos autorités? Les bénirons-nous?

A vous de répondre en envoyant un commentaires, qui sait, une prière pour le gouvernement de Genève. JFM

Le miroir et l’oiseau

Quant au silence de nos Églises (de leur site internet), je vous propose cette réflexion tirée du blog de Walter Ludin, publiée le jour de la Pentecôte, le 26 mai 2923, sur Kath.ch, la version alémanique du site d’information des catholiques en Suisse. La version allemande est accessible en cliquant sur le titre. Je vous en propose une version traduite par Deepl.org. 

L'Église est-elle morte ?
Beaucoup d'entre vous sont certainement dans le même cas que moi : j'ai du mal à entendre les lamentations sur l'Église. Et pourtant : nous ne pouvons pas faire comme si la crise de l'Eglise n'existait pas ; ou plutôt : la crise des Eglises. Car ce n'est pas seulement l'Église catholique qui souffre, mais aussi l'Église évangélique réformée, avec par exemple des départs massifs.

Tout cela n'est pas seulement le problème des fonctionnaires de l'Eglise. Cela nous concerne tous, du moins tous ceux qui n'ont pas quitté l'Eglise.

Deux images le montrent. La première : un pasteur a prêché sur la mort de l'Eglise. Il a même installé un cercueil et invité l'assemblée à y jeter un coup d'œil. Et ils ont regardé - dans un miroir ! Le pasteur exprimait ainsi sa pensée : L'Église, c'est vous. Et : si vous vivez la foi, elle n'est pas morte.

Un exemple similaire : L'Église est-elle morte ? C'est la question que se posaient certaines personnes. Un sage prit un oiseau dans sa main et posa la question inverse : "Cet oiseau est-il mort ?". C'était une question piège. Car la réponse était : "Si je le laisse voler, il vit ou reste en vie. Mais, si je serre la main, il meurt".

Le sage expliqua le sens de l'histoire par ces mots : "Mort ou vivant, c'est entre nos mains". Oui, l'avenir de l'Église n'est pas un destin immuable. Il ne dépend pas non plus uniquement de la volonté des supérieurs, que ce soit à Rome, à Coire ou à Soleure. Il dépend aussi du comportement des fidèles à la base. Si l'on y sème la résignation, le découragement et l'absence d'avenir grandissent. Mais si l'on sème l'espoir, la nouveauté peut naître.

Et : depuis le Concile au moins, on se rend compte que la foi n'est pas seulement quelque chose d'individuel et de privé. Ceux d'entre nous qui ne sont plus tout jeunes s'en souviennent : les missions populaires traditionnelles étaient placées sous la devise : "Sauve ton âme !" Entre-temps, les croyants sont invités à cultiver non seulement leur propre "jardin d'âmes". Le sens de la vie ecclésiale est la construction de la communauté. Et de même : l'Eglise a pour mission d'être le levain dans la pâte de la communauté.

Il fut un temps, pas si lointain, où l'Église pensait qu'elle devait déterminer toute la vie : faire du pain pour toute la société, en quelque sorte. Mais maintenant, elle est plus modeste, en ce sens qu'elle agit comme levain dans la pâte, selon le souhait de Jésus, et qu'elle contribue à la réussite de ce qui est cuit.

   La théologie latino-américaine de la libération a forgé la notion de "buen vivir" en pensant à l'Église. L'objectif est une vie bonne, réussie et libérée pour tous. Et chaque paroisse, tous les croyants peuvent y contribuer. Ainsi, le village, la ville s'enrichit. Et l'Église vit.

Dans ce contexte, la question provocatrice : "Est-ce que quelque chose changerait dans notre localité s'il n'y avait pas de paroisse ? Est-ce que quelque chose manquerait aux gens ?"

(Parole du dimanche sur Radio Central)

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