L’abbé Xavier Lingg vient de publier “Dieu n’est pas une idole”. Une petite centaine de souvenirs et d’anecdotes riches d’enseignements sur la vie de ce prêtre né à Lucerne et débarqué à peine adolescent à Genève. Un regard vif sur l’Eglise aussi.
A 90 ans bien sonné, Xavier Lingg est le dernier prêtre à avoir habité la cure de Compesières, devenue Mairie de Bardonnex. Il habite actuellement La Croix-de-Rozon.
Ce dimanche 1er décembre, c'est le premier dimanche de l'Avent, les lecteurs de nos paroisses Salève recevront le Missel des dimanches 2025 lors de la messe de 10h à Veyrier. L'occasion de faire leur connaissance et pourquoi pas de les renforcer.
"Dieu n'est pas une idole" se lit volontiers. Les chapitres sont courts, le portrait plaisant. Evidemment il manque des pièces pour compléter le puzzle. Comment résumer en 320 pages une vie 390'000 jours? Une vie au service de Dieu dans les pas de Jésus Christ de surcroît. Un Dieu que le jeune abbé situait dans les cieux comme nous l'apprend le "Notre Père". Jusqu’au Concile Vatican II, quand l’institution bimillénaire a remis au milieu du village non plus les églises de pierre et le clergé mais le peuple des croyants, considérant que les cieux pouvaient bien se situer dans leur cœur des gens et sûrement dans leurs assemblées.
Dieu est en nous et nous sommes ses mains, ses pieds, sa tête et sa bouche. Sa force et sa puissance? Elle s’exercent dans l’amour que nous nous portons les uns les autres. Sa gloire? Elle resplendit à mesure que la paix et la justice règnent entre tous les humains et au sein de la création.
Dédicaces. Xavier Lingg célébrera la messe les dimanches 15 décembre à 10h à Veyrier et 22 décembre à Compesières. Il dédicacera son livre, vendu au prix coûtant de 25 fr., à l’issue de ces cérémonies.
On ne réforme pas facilement une institution vieille de 2000 ans. François en sait quelque chose. Page 292, Xavier Lingg vient au secours de notre pape. Sous le titre "Evêques inutiles", il écrit:
"Lors d'une de nos vacances sur un ile grecque, après nous être mis en recherche de l'église catholique et ayant noté l'heure de la messe dominicale, nous y arrivons, selon notre habitude, bien avant l'heure. L'Eglise est encore fermée, mais la sacristie est entrouverte. J'y vois un monsieur qui prépare les ornements et objets liturgiques. Le prenant pour le sacristain, je lui demande si nous sommes bien au bon endroit. Il me demande d'où nous venons, combien de personnes nous sommes, quelle langue nous parlons et nous ouvre les portes de l'église. Quelle n'est pas ma surprise lorsque je vois ce « monsieur» entrer pour la messe, revêtu des ornements liturgiques, avec une calotte violette et une croix pectorale. Au début de la célébration, il salue notre groupe et, dans l'homélie prononce une partie en français à notre intention. Quelle délicatesse !
A l'issue, je discute un moment avec lui.
J'apprends qu'il est archevêque métropolitain. Il me parle un peu de ce qu'est son diocèse: un petit groupe de prêtres, quelques religieuses et de rares fidèles. Et il termine par un jeu de mots empreint d'une certaine amertume : « je suis évêque sur huit iles, évêque inut-île ».
Ça me donne à réfléchir. Sur plusieurs îles il y a une cathédrale avec son évêque. Quelle est leur utilité ? En Grèce, la majorité des chrétiens sont orthodoxes. Et ceux qui se rattachent à Rome font partie de l'Eglise grecque-catholique, avec la liturgie orientale. Ceux de rite latin sont principalement les touristes de passage. Qu'est-ce que ces évêques latins font de plus que, chez nous, un aumônier de la pastorale du tourisme et des loisirs ? Est-ce simplement une volonté de Rome de marquer sa présence? Et de donner à son représentant un titre, comme dans l'armée, un aumônier obtient automatiquement le grade de capitaine pour que sa voix soit entendue des officiers supérieurs ? En fin de compte, n'est-ce pas une espèce de mépris pour les Eglises orientales uniates? Ce ne sont pas des Eglises de seconde catégorie! Pourquoi leur évêque et leur clergé ne pourraient-ils pas être les légitimes représentants de l'Eglise romaine ? Et pour contenter les touristes, on pourrait tout simplement leur octroyer l'autorisation de célébrer occasionnellement la messe selon le missel romain.
Un évêque sans peuple est un berger sans troupeau, donc inutile. Je pense à tous les évêques auxiliaires.
On leur donne un titre factice, « in partibus ». Mais en réalité ils n'ont pas plus de pouvoir qu'un vicaire général. Je pense aussi à tous les chefs de dicastères romains. Il faut qu'ils soient évêques pour avoir de l'autorité. - Ça me fait penser à notre Vicaire épiscopal, Fernand Emonet, qui devait préparer la visite du pape à Genève. Il se rend dans les bureaux romains où il est reçu par
- « Bongiorno Excellenza ».
- « Non sono vescovo» - « Allora, bongiorno monsignore ».
- « Non sono monsignore »
- « Allora siete niente ».
Dans ces milieux, sans titre, on n'est rien.
Heureusement que le pape François essaye de mettre un peu d'humilité dans ce monde clérical où on ne l'aime pas beaucoup. Néanmoins il a réussi à placer des laïcs, et même des femmes, à des postes importants qui, auparavant, ne pouvaient être confiés qu'à des évêques ou à des cardinaux... qu'on croyait seuls capables.
Dans le même sillage, notre évêque a remplacé les vicaires épiscopaux par des représentants laïcs, hommes ou femmes, qui le secondent de manière efficace. Quant aux prêtres, ils sont tout de même plus utiles sur le terrain que dans les bureaux épiscopaux !