C’est une cousine comme on en a tous dans les grandes familles. Qu’on a un peu perdu de vue. Qu’on ne voit qu’aux enterrements. Elle, aveugle, ne nous voit pas. Mais la vue n’est pas, n’est-ce pas, le seul sens de la présence. Trois heures ensemble. On se promet de se revoir avant les prochaines funérailles. Et puis la vie qui reprend le dessus.
On apprend incidemment que la cousine a décidé de mettre un terme à ses jours. La nouvelle court d’un téléphone à l’autre. Que faire? « Ce qui fait de nous des humains, c’est de ne pas rester indifférent », entends-je ce matin lors du culte de la Toussaint sur France Culture.
Stop Suicide, qui s’y connaît en pareilles affaires, a popularisé un hashtag: #stropindifference. L’action cible les jeunes. Mais les personnes âgées, les malades, les pauvres, les exclus, les étrangers sont aussi les victimes de l’indifférence. Pardonne-nous nos indifférences…
Il faut remercier les gens qui rendent visite à leurs voisins, à leurs parents, aux isolés, aux prisonniers, aux malades. Parfois sans compter leur temps. (Sur cath.ch, un article sur l’accompagnement des malades et ce lien vers les Équipes catholiques et protestantes des aumôneries des HUG, des 52 EMS et des lieux de détention du canton.)
La mort, qu’elle soit naturelle - mais qu’est-ce que cela veut dire? - ou provoquée, nous ébranle. Chrétiens, nous croyons qu’elle n’est qu’un passage. Que ce passage peut même se vivre sereinement. A condition sans doute, qu’on ne se sente pas abandonné, que quelqu’un nous tienne la main.
Aux dernières nouvelles, notre cousine a remis son départ.
Il se trouve que sa femme de ménage lui a offert un petit chien.
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(JFM)