Ecouter, discerner, agir, voilà la méthode des jésuites. Je résume à l'extrême une conférence* donnée par Pierre Emonet à la mi-octobre à Lancy. L'ancien éditeur de la Revue Choisir a décerné un bon carnet à François (5,5 sur 6), sans aborder les sujets récents qui fâchent (le procès en sainteté du roi Baudoin et la dénonciation des "tueurs à gages" que sont les médecins avorteurs). "François est le premier pape jésuite: et sans doute le dernier", a prophétisé d'emblée son contemporain valaisan.
Le pape va sceller ce dimanche 27 octobre 2024 trois années d'un Synode qui marqueront peut-être l'histoire avec un grand "H" par la démarche entreprise (comme le vélo qui tient de debout parce qu'il avance) plus que par des décisions décoiffantes sur l'égalité homme-femme dans l'Eglise. Trois jours avant cette clôture, le Pape a publié "Il nous a aimé" (Dilexit nos), sa quatrième circulaire (encyclique) aux 1,4 milliard de catholiques sur terre.
Ce dimanche la messe sera célébrée à 10h à Compesières. Elle sera suivie d'un baptême mais pas du traditionnel apéritif. La chorale chantera la messe à 10h à l'Hôpital cantonal. Le 3 novembre, elle chantera à l'occasion de la Toussaint. Les autres messes de novembre auront lieu les 17 et 24 novembre. A noter, le 22 novembre, le repas des bénévoles de la paroisse. Les futurs bénévoles sont aussi les bienvenus.
"Dilexit nos" va sans doute passer inaperçu dans ce monde traversé de doutes, volontiers critique, voire complotiste, un monde qui semble ne plus avoir confiance en ses autorités ni même en lui-même. Il aurait tout intérêt à lire la nouvelle circulaire de François: 220 paragraphes serrés, dont le sujet central est la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus (ça tombe bien pour l'Eglise à Genève qui vient de déplacer son siège administratif à Plainpalais dans l'ancien temple maçonnique de la place du Cirque devenue en 1873 église du Sacré Coeur.)
La Croix: Pourquoi le pape François s’intéresse au Sacré-Cœur Dans cette encyclique consacrée à la dévotion du Sacré-Cœur, publiée le jeudi 24 octobre 2024, le pape argentin reprend la critique de Pie XI et Pie XII de la pensée contemporaine, matérialiste et rationaliste. Cette lettre est aussi l’occasion de critiquer certains « errements » de la pensée catholique. (...)
Le Sacré Coeur est une dévotion qui remonte à l'apôtre Jean. L'un des lieux de pèlerinage se situe à moins de trois heures de route de Genève: Paray-le-Monial et son sanctuaire du Sacré-Coeur. Marguerite-Marie Alacoque, une mystique de la fin du 17e siècle, déclarée sainte en 1920, suscite l'admiration par sa piété. Elle a aussi été décriée par les rationalistes qui l'ont considérée comme un peu fêlée.
Jean-Paul II, qu'on a fait saint un peu subito, s'est rendu sur place en 2005. Cette année 2024, Paray-le-monial commémore le 350e anniversaire des apparitions. L'Encyclique de François tombe à pic. Elle devrait augmenter la fréquentation de ce pèlerinage.
Alors que la circulaire "Lauddato Si", qualifiée d'écologiste, avait enflammé les réseaux sociaux autour du thème de la sauvegarde de la Maison commune, la lettre "Dilexit Nos" semble de prime abord une affaire interne. Elle remet l'Eglise au milieu du village et pose l'amour du Christ, son coeur battant, sa présence incarnée parmi nous (et donc l'amour humain et divin des gens les uns pour les autres) comme moteur essentiel de la sauvegarde du monde. Il en a sans doute bien besoin.
"Dilexit nos" suscite évidemment un déferlement de commentaires et d'analyses dans la presse catholique. Je vous laisse aller sur les moteurs de recherche pour y trouver plus d'informations. Le texte intégral comme celui des trois autres encycliques de François est accessible ici en plusieurs langues.
Genève est encore concernée par cette circulaire en ceci qu'elle met l'accent sur un mystère que la tradition protestante a mis de côté ou même dénoncé. La dévotion au coeur du Christ nous apparaît à nous aussi comme relevant du fétichisme. Or nous autres humains, n'avons-nous pas besoin d'un objet transactionnel pour nous rassurer, d'un objet consolateur quand les signes des temps sont inquiétants et que nous cherchons des raisons d'espérer. Comme l'enfant d'un doudou...
Quel est votre doudou quand la nuit survient?
A l'EMS de Drize, un pensionnaire me l'a confirmé cette semaine. Il a traversé une sale période et a trouvé le réconfort en redécouvrant un chapelet au fond d'un tiroir. La foi, c'est comme une fleur. Elle dépérit si on ne l'arrose pas un peu de temps en temps. Il me dit également ressentir une certaine sérénité en regardant l'image de la Vierge que sa soeur lui a envoyée.
Parmi les auteurs que cite François et qui l'ont inspiré dans la rédaction de "Il nous a aimé" figure François de Sales, un docteur de l'Eglise. Evêque de Genève (en exil à Annecy), il fut consacré le 8 décembre 1602, quatre jours avant l'Escalade. Il a conversé avec le successeur de Calvin Théodore de Bèze. Il a reconquis nos paroisses, savoyardes alors, pour la foi catholique. Marguerite Marie Alacoque était une soeur visitandine, de la congrégation qu'il a fondée avec sa copine, Jeanne de Chantal.
Bonne lecture de "Dilexit nos". Et bon dimanche.
* Conférence de Pierre Emonet le 17 octobre 2024 à Lancy: François et la spiritualité ignatienne
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